Lorsque Odile pense tout bas : “Je t’aime” –
Si faible­ment que ce soit, je l’entends ;
Lorsque Ali­na pense tout bas : “Lju­bim te”
Je l’en­tends, si faible­ment que cette rumeur
Me pour­suit néan­moins, depuis toujours :
  je l’en­tendais avant qu’elle ne l’eût dit –
Avant qu’elle fût née. Je l’entendais
Dans le bruisse­ment des fleuves qui nous
  portent
De toute éter­nité. Et lorsqu’elle est venue
Et qu’elle s’est appro­prié ces mots : “Lju­bim
  te”
Je l’ai enten­due, elle, et non les mots ;
Car aupar­a­vant les mots l’annonçaient ;
  tan­dis qu’à présent
C’est elle qui, indu­bitable­ment, faisait
  advenir l’amour –
Pour la pre­mière fois

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