Lorsque le strass s’éteint dont s’habillait la nuit,
que le fleuve soleil remet en mouvement
les aubes de l’action dans le moulin du rêve,
tu viens dans le jour neuf à pas précautionneux
relever l’inscription des noc­turnes dépôts
que la vague a ver­sés à la banque des plages.

Toutes les trans­ac­tions, par flux et par reflux,
eurent lieu dans le temps de ton som­meil léger,
ô médi­tant qui vas cher­chant la clef de l’être -
quête insen­sée où s’outrepasse le sensible — :
est-elle en l’infini d’extrême petitesse
ou détenue par le cos­mique illimité ?

Or te voici penché sur l’abyme du sable
cap­turant en pix­els ses quartz et ses micas.
Le Hasard – un des noms du désor­dre quantique
lorsqu’une onde est en grain de matière changée -
sur l’humide tableau fait gliss­er des images,
créa­tion effacée peu après l’arrivage.

Dans la mobil­ité de leur dessins friables
con­tem­ple les essais de formes innombrables
que la Nature fait con­fir­mant Empédocle :
« De l’Un sort le Mul­ti­ple et du Mul­ti­ple l’Un ».
Nous fûmes ce pois­son que la mer a pétri
Suiv­ant le gabar­it de l’ancêtre archaïque.

C’est un nuage aus­si d’errantes particules
qui se décline en chro­ma­tismes incertains.
Je te loue de vouloir fix­er le transitoire,
par de l’instantané instau­r­er le durable,
détour­nant à La Pointe Rouge sur sa rive
le ressac du cliché de la vie fugitive.

 

A Jean Jacques Molinengo,
pour ses images

 

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