L’obscurité dehors et dedans
tombe du ciel, s’infiltre par les fenêtres,
l’obscurité humide et chaude et éternelle
ren­con­tre l’obscurité qui est en nous,
celle qui loge dans les livres,
qui s’éveille à la vie dans les let­tres imprimées
et s’écoule, effaçant l’espace blanc qui les sépare,
effaçant les pen­sées et les significations,
les lam­pes, les cloi­sons, les planch­ers, les plafonds,
avant de s’effacer elle-même.
Il ne reste plus que l’automne.
Plus que le vieux por­tail pour­ri der­rière la remise,
que plus per­son­ne ne ferme,
et quelques baies sur les cassissiers,
que plus per­son­ne ne voit.

 

 

Extraits de Öölin­nud – öömõt­ted [Oiseaux de nuit — pen­sées de nuit] (1998).
Traduit de l’estonien par Antoine Chalvin.
 

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