Je resterai là immobile
insen­si­ble aux saisons
fils aîné de la ronce et de l’herbe tenace
jusqu’à ce que mes os devi­en­nent pierre
et que je me fonde à la terre
sous un zénith rongé d’infini et de mythes.

Au présent, au futur, je ne red­oute rien
des malé­fices répandus
par la corne d’abondance des calendriers
aujourd’hui et demain
je laisse sur le sable s’évanouir mes pas
pour que dans dix mille ans renaisse
ce même som­meil de mousse
et de champignons bleus
dont ton sou­venir est l’otage.

(1955)
 

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