Bouteilles de soju

 

Pour l’ami qui nous con­vie au tartare coréen
J’écume les poulaillers et les Fau­chons du triangle
De l’avenue d’Ivry et de l’avenue de Choisy – en vain
Enfin, l’ « Exo­s­tore » au nom bien sonnant
Délivre la secrète liqueur de riz dis­til­lé par Jin­ro Soju Limited
« depuis 1924 » à l’enseigne du cra­paud assis

Chamisul fresh soju se dit frais (fresh) mal­gré ses 19,5° avec
Une tache bleue et une trans­par­ente goutte de fraîcheur s’épanouit sur ce bleu
Un employé en chemise et cra­vates sur un col ouvert
Se réjouit sur fond de bam­bou vert
Les car­ac­tères en hangul qui posent leur tracé ver­ti­cal à l’encre noire
La trans­parence de l’eau sous le verre de la bouteille qui s’embue
Sont faits pour l’œil

La sec­onde bouteille à l’enseigne du cra­paud bleu est longue et droite
Ornée d’une cal­ligra­phie qui sem­ble une vir­gule ascendante
L’encre a été bue par le papi­er et bave du gris sur l’ovale bleu
18,5° titre ce fla­con à l’écriture artiste
Sa légèreté rel­a­tive en alcool le des­tine peut-être aux nou­velles générations
Et aux filles
Juste­ment celle-ci sur l’étiquette au ver­so met en garde ses sœurs
Aux longs cheveux noirs
Con­tre la con­som­ma­tion d’alcool pen­dant la grossesse
Mais sa sil­hou­ette sexy sur fond de paysage flou appelle plutôt le mâle coréen
A un acte génésique aus­si impétueux qu’inconscient

Le troisième fla­con n’appelle pas de commentaires
Puisqu’il s’agit de la ronde bois­son stan­dard à 25° qui s’intitule sobre­ment Jinro
Et que l’on retrou­ve dans tous les assom­moirs de Séoul et d’ailleurs

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