La nuit ôte sa main froide de la bouche des couleurs.
La lumière s’écrit au ciel lorsque le jour se presse.
Lumen hurle et appelle l’onde.
Elle éclate en stu­peur ronde.
L’homme se réflé­chit sur la forme du monde.
Réponds couleur !
Répond couleur à l’adresse de l’homme !
L’ ocre raisonne dans le ven­tre de l’homme.
Orpi­ment létal,

Il fait terre de Sienne,
Il fait jaune de plomb,
Il fait roc, il fait opaque.
Il fait ombre et empâte.

Il mar­que l’om­bre et lèche ta matière.
Il approche sa flamme.
Gomme- gutte,
Vio­la en bitume,
Il souf­fre et…
fouille dans la cendre.
Il dégrade l’harmonie.
Il grat­te les eaux mortes.
Il respire l’argile,
Il con­casse le fossile.
Il malaxe et brûle.
Il autop­sie le jour pour com­pren­dre ton retour.

Que lui caches tu couleur ?
Que lui caches tu si profondément ?
L’homme colle son œil au pigment
Il entend , en toi ‚com­pren­dre le monde.
Il cerne son mouvement
Prég­nance de sa chair,
C’est ton œil qui lui donne le vivant.

Il te désire avidement.
Il te mouille, il te trou­ble, et te répand.
Il te trempe, te tranche, te rêve,
Il te verse, te jette et te sat­ure et te sent.
Il te huile, il te plaque, il te mur, il te toile, il te corps,
Il t’as­phalte, il te tem­ple, il te livre, il te bois, il te barbare,
il t’épure, il te souille, et te sombre.
Il te ligne, il te con­vexe, il te projette, 
Il te fresque, il te mélange, il t’impressionne,
Il te frac­tionne, il t’ad­di­tionne, il t’absente,
Il te touche, il te joue, il t’in­cruste et il te dore.
Il t’aime couleur, comme une bête sans parole,
parce que tu es tout ce qu’il peut y voir.
Tu es le souf­fle de son œil.
Le tym­pan de son ventre.
Echarpe d’Iris tu es l’étoffe de l’homme,
C’est toi qui lui donne sa forme.

L’homme ôte la main noire de sa bouche
Il adresse au ciel la prière du jour.
L’hu­main par­le et s’adresse au monde.
En mille un morceaux, la couleur éclate dans ses mains.
Le silence stu­pide­ment vient de choir sur le Blanc.

 

 

 

GARAIN   Juil­let 2012

 

image_pdfimage_print