Pierre Dhain­aut, qui signe un « Max Alhau » dans la belle col­lec­tion « Présence de la poésie » des édi­tions des Van­neaux, déroge un peu au for­mat habituel qui veut que chaque vol­ume de 2 à 300 pages com­porte une présen­ta­tion du poète et un choix de textes, les deux séparés par quelques pages de pho­togra­phies. Ces dernières sont bien là, qui nous mon­trent un Max Alhau en dif­férentes péri­odes de sa vie et avec divers amis (Gas­ton Miron, André Doms, Gilles Baudry, Georges Dra­no, etc.) La par­tie anthologique offre un choix copieux de vers et de pros­es effec­tué par Max Alhau lui-même par­mi ses nom­breux recueils (une quar­an­taine). En revanche, la par­tie présen­ta­tion est éclatée et Pierre Dhain­aut s’en explique en une courte intro­duc­tion. Il lit et s’est lié d’amitié avec Max Alhau depuis 1976, et il a con­sacré de nom­breux arti­cles à ses livres au fil du temps. Plutôt qu’une étude générale, il a donc préféré réu­nir quelques-unes de ces approches suc­ces­sives en respec­tant ain­si le mou­ve­ment même d’une pro­gres­sive immer­sion dans les textes et les thèmes. Il a égale­ment ajouté un arti­cle et un entre­tien avec leur ami com­mun, qui vient de nous quit­ter, Bernard Mazo, ain­si que des réflex­ions de Patrick Raveau sur la poésie de Max Alhau. Ce qui nous vaut une intro­duc­tion à l’œuvre riche et polysémique.

Une approche plurielle

Pierre Dhain­aut souligne d’abord l’humilité de la démarche de Max Alhau, dont les poèmes sont moins attachés à laiss­er des traces qu’à ouvrir des pas­sages. « Écrire, ouvrir les yeux », pour­rait être un for­mule cor­re­spon­dant au tra­vail de ce marcheur et « veilleur loy­al », pour qui la mon­tagne est l’espace de l’initiation, et qui tend à effac­er le moi, à « se con­ver­tir au pré­caire, au chance­lant, à la  “glo­rieuse pauvreté” ».

Notre con­di­tion de mor­tels, la soli­tude intérieure, notre iden­tité tou­jours incer­taine, le temps qui nous met en retrait, la dis­tance irré­ductible d’avec le monde, la nature con­so­la­trice et les paysages omniprésents sont quelques-uns des thèmes et des car­ac­téris­tiques de la poésie de l’auteur que Pierre Dhain­aut analyse d’une écri­t­ure juste et éclairante. Il mon­tre com­bi­en la célébra­tion fait place dans l’œuvre à la con­stata­tion, la con­quête à la recon­nais­sance et à l’offrande. « L’austérité dont Max Alhau vante les mérites con­siste en un accroissement ».

Dans l’entretien qu’il avait accordé à Bernard Mazo, Max Alhau par­le de sa décou­verte de la poésie à tra­vers Apol­li­naire, Char, Alain Borne, Louis Guil­laume et bien d’autres. Il évoque égale­ment sa mélan­col­ie native et son lyrisme dis­cret, et com­ment la poésie four­nit une réponse à la vacuité, à la déréliction.

Dans ses réflex­ions, Patrick Raveau souligne le dou­ble mou­ve­ment qui car­ac­térise la poésie de Max Alhau, d’un accueil de la terre et d’une présence au monde impos­si­ble : « La marche, le voy­age n’abolissent pas la dis­tance, ils l’enrichissent ».

Sans pré­ten­dre à l’exhaustivité car on ne peut épuis­er le sens d’une œuvre poé­tique sans la réduire, cette approche plurielle de l’homme Max Alhau et de son œuvre est néan­moins très riche et, je crois, fidèle. Notons d’ailleurs que Pierre Dhain­aut n’a pas oublié de ren­dre compte de quelques recueils de nou­velles, car Max Alhau est aus­si un adepte de la forme brève et deux nou­velles fig­urent d’ailleurs dans la par­tie anthologique de l’ouvrage.

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