A Johnny Pierre
MERS INTERIEURES
Sans facétie en écharpe de nuit
Les yeux d’encrier des chats
Ont piégé la lune de ma chambre nubile
Ancrée d’épaisseur
Et se sont mis entre parenthèse blanche
Et le temps et l’espace
Les pages en marge de folie sublime.
Il est temps d’en crier
Aux mots nus-biles
Et d’en créer des épée-sœurs
Car de ma chambre de faux-lits
Les yeux des chats ont l’arrogance
Des voix larges
Et ont l’âge des pierres taillées
(Silex de mes mers intérieures)
*
AINSI SOIT-IL
Du sang sur
les murs
Ma ville en écartèlement
De censure
de mots
Je recrée le poème
De la nuit
En mal de métaphore
Dans l’avalanche d’yeux
Imbibés de tsunami
Quelquefois
De plein-pieds
Faut-il enfin que
Naissent de nouveaux soleils
Pour lessivage d’une saison
trop froide
Effacement!
*
A Louissaint Alliance Alexandra
A HAUTE PORTEE
Au pays petit navire sans voile
S’illuminant rebelle sur la mer caraïbe
Où les marins sans cieux se moquent du vent
Et se cachent à l’autre face de la mer
De l’horizon aux yeux verts
Et se réfugient au bout des ongles du temps.
L’image d’une saison qui se meurt
A la douce beauté amère de l’ile
Se recroquevillant dans ma mémoire
Au néocortex fabuleux
Et le nerf orbitofrontal
S’étire aux farces des souvenirs
L’ile est belle dans sa beauté marâtre
A haute portée d’ombre.
*
A Marie Lydie Lavertu
DIS-MOI MON AMOUR
Epais
J’ai dans le cœur des mots
Epars
Qui désapprennent la tendreté
Simple de l’alphabet
Epées
sont-ils dans cette arène,
Cette froideur piteuse de l’encre
Mais dis-moi mon amour
La tracée d’emprunt pour résister à ce poème
Dialectique nord/sud
Et qui…
Dit dans l’œuf monde étouffé
A cette heure devenu paume de la main
Comment à l’envers d’un temps résister
Pour à ton cou créer fleurs
Et dis-moi comment te créer étoiles
Autour des cheveux
Pour à l’acte du poème résister
Dont les mots me prennent par la gorge
Epars
Il fait étranglement le poème
Sur la face cachée
D’un monde corde au cou
Pourtant fou je t’aime mon amour
Mais le corps comme la tête
Sans clameur aucune
Pénètre dans les bas-fonds.
*
J’ai seul la clé de cette parade sauvage
Arthur Rimbaud
LE CHOC
Dérober les profondeurs
Du poème
En émeute de soleil fatal
Sous les vagues de la nuit
Le choc éclipse le tam-tam
Au défi du vide relief
Car l’épine écorche la peau
De nos ombres dissipées
Dans le flambeau
Des étangs somnambules.