Michael Edwards est né en Angleterre en 1938. Mi févri­er 2013, il a été élu mem­bre de l’Académie Française.

Pro­fesseur au Col­lège de France (chaire de poé­tique), il a dévelop­pé une œuvre s’ouvrant sur des formes divers­es : poésie, bien sûr, philoso­phie, lit­téra­ture, musique, théolo­gie… Nom­bre de ses livres sont disponibles en France, aux édi­tions Gal­li­mard, Fayard, Car­ac­tères, Arfuyen… Dans Paris Aubaine, Edwards rend un vibrant et touchant hom­mage à la poé­tique d’une ville qu’il aime – cela se sent dans les mots mêmes du recueil. Une cen­taine de poèmes où la beauté respire : beauté des rues, de l’architecture, de l’histoire et des légen­des de Paris, de la Seine. Des femmes, aux sil­hou­ettes et aux courbes omniprésentes. Dans les mots du poète, la « parisi­enne » sem­ble tou­jours forte­ment présente dans les rues de Paris. Elle a par­fois le vis­age de « filles de peine au corps polis­son ». D’autres fois, ce sont jambes furtives.

Le poète traque aus­si les ombres de la beauté artis­tique, ren­con­trant ici et là Mozart, Vil­lon ou Ham­let. Pour­tant, Paris, dans son regard, est sou­vent la ville de Vil­lon, que l’on crois­era dans le métro, et de la tour Saint Jacques, Paris ville de l’alchimie à l’architecture dis­crète remar­quable. Cela sous entend aus­si présence du dia­ble. Car le dia­ble est parisien. Il faut n’avoir jamais vécu à Paris pour l’ignorer. La poésie de Michael Edwards pour­rait sem­bler légère à un œil mal aver­ti. On se dira que ce serait une erreur de per­spec­tive en lisant ceci :

 

Paris Lunaire.

1.

 

Le jour de lune
glisse sur le livre
ouvert de Paris
et voile les repères
de l’autre vie.

La lune a ses raisons
que la peur comprend
errant sous le soleil
dans le sang malade
par­mi les fantômes
des êtres d’autrefois.

Le cri sur la face
blême d’abandon
touche l’oreille
avec tant de douceur
au cœur de la peine. 

Nous baigne longuement
la lumière nocturne
lavant nos cheveux
nos âmes et nos pieds.

Le jour de lune
glisse sur le livre
inaccompli.

 

Beau isn’t it ?

 

Michael Edwards, Paris Aubaine, édi­tions Cor­levour, 2012, 170 pages, 18 euros

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