Mots lovés dans l’eau immobile des bouches et déjà sous le souffle des hautes contrées, beaux mots tombés comme des soldats dans le fossé pour des gestes dérisoires ; il y a suffisamment d’espace pour le souffle qui nous manque ; on respire ce qu’il faut pour attiser le feu qui chauffe le sang nécessaire à la naissance et à la mort de toute parole.
Ecrire, effacer : on n’apprend rien à la nature inscrite dans la chronologie du temps.
Tout s’arrête dans la majesté d’un soir d’été qu’épouse la lenteur souveraine des mots prononcés.
Attentifs à toute lueur, à l’incertitude d’une étoile morte, une fragrance nous ouvre la joaillerie du temps.
Nous voulons prolonger la veille, reprendre du terrain à la mort, retarder la lévitation des corps, instants de sable ou d’écume, mouvement abouti de la mer sur nos rives.
Extraits de « Le chant traversé » La Bartavelle 2001