Ton corps est né de là, de ces mains.
Avant, quand tu n’ex­is­tais pas encore,
elles jouaient une musique aux signes désarticulés,
une béance de fer ou de bois,
une ombre bruyante de métaux.
De ces mains ouvertes, qui ont donné
corps à un désir ancien,
tu es née avec ton apparence à toi.
(Cepen­dant, je l’ou­blie parfois,
et me dis que tu as façon­né mes mains à ton caprice
pour qu’elles se sou­vi­en­nent de toi.)

Avant, quand mes mains n’ex­is­taient pas encore,
ton corps était un mensonge.

 

 

Tra­duc­tion par Dominique Boudou, révisée par Elvire Gomez-Vidal

 

 

Nacimien­to del cuerpo

 

De aquí nació tu cuer­po, de estas manos.
Antes, cuan­do aún no existías,
toca­ban una músi­ca de sig­nos desarmados,
une vacío de hier­ro o de madera,
una som­bra rui­dosa de metales.
De estas manos abier­tas, que le han dado
cuer­po a un deseo antiguo,
naciste con la for­ma tuya.
(A veces, sin embar­go, se me olvida,
y pien­so que tú hiciste mis manos a tu antojo
para que ellas te recordaran.)

Antes, cuan­do aún no existían mis manos,
tu cuer­po era mentira.
 

image_pdfimage_print