Poème usé
Poème musée
poème sans murs
des mots se tendent
s’entendent
s’a­jus­tent  se déchirent
rayonnent
signe de ne pas baiss­er le son
de per­dre la raison
de libér­er des mots sonores
sur­vivants de forêts trucidées
jetons-nous par-dessus bord
un océan nous sépare
a sapucái­ta che pytaguá
moi gringa je vais crier
a chuchú icatú apucatá
on peut de peur rire ou hurler.

Reste-t-il un phare sur l’abîme ?
Un éclat
entre deux obscurités
sur l’u­topie de l’ultravide ?
Un phare n’é­claire pas
il parle
une langue ultrasonore
il insiste pour ne pas mourir
che coco­mocó tatá
j’avale du feu
che tapé tanimbú
mon chemin est de cendres
aña mem­by   ñañá yboty
les mots cherchent leur sens
les mots sont fleurs à chair de poule
a  mokirirí
faire taire qui ?

 

 

 

Ils per­dent pied
la vue éclatée
les mots coulent
l’ar­bre a per­du la parole
tous les mots sont en danger
tuyuyú   kururú   tacurú
natu­ra mundi

langue du feu entretenu jour et nuit
le cra­paud-buf­fle gémit
pirirí pirapiré
urubu monde de monnaie
le pro­grès tour­mente la terre
la flamme est nue
la lumière flanche
chaque quinze secondes
un mot d’e­spoir meurt dans le monde
coema
croire encore au  point du jour
poe­ma
che ybo­tymí tapoti
ma petite fleur excrémentielle
sous les miasmes
le poète ronge les racines dépressives
che pochy
rage noire
mots illis­i­bles inimitables
faire le noir
aveu­gle le poème a meilleure mémoire
porte-faix porte-foi
le poète s’é­tonne de sa pro­pre voix
coco­mocó tatá
avaler du feu
pressen­tir l’en­vers de la terre.

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