Ne faut-il,
parcouru de hasards et d’années,
se résoudre encore à parler,
sans preuve, sans témoin,
ébruiter le teint de son rêve,
établir la nuit et le matin sur terre,
l’étonnement du courage obscur,
la fureur noble, insensée,
réclamer l’autre blessure ?
Ne faut-il aussi dormir,
boire le thé de cette ombre,
s’abreuver à la densité du songe
quand un visage est là parfois
dans un autre
et qu’il y a plongée de regards,
fleurs révulsées,
qu’il y a souffle
et saison rebroussée,
sang neuf
du geste manqué ?
Tes rives finir (extrait), L’Arbre à paroles, 2004.