Longtemps béat sous le vieux bât
qui me limait les pigments
je me suis enfin réveillé
    l’œil rouge
       au rouge
        grondement
          des gongs
            intérieurs.

Je me tâte le pouls et j’entends
tous les bras repentants
de mon sang
qui bat­tent bat­tent dru
le vaste tam-tam des sources inviolées.

Ils m’invitent au minaret tabou
de la régénérescence
ils m’invitent
là-haut
moi et mes totems
sous l’œil vierge de l’Aurore
pour l’incinération totale des échardes.

Ma cale­basse pétillera
des sèves pures
de l’ébène
ma cale­basse à moi

et je n’aurai plus soif
de moi-même.

 

[ce poème a paru dans Neuf Poètes camer­ounais, 1979]

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