Sou­vent les financiers aiment la com­pag­nie des huîtres
— et du champagne
(à dire vrai, ils ne sont pas les seuls)
Mais si on les inter­roge ils vous diront qu’ils sont
En moyenne plus intel­li­gents que les huîtres,
qu’ils ont plus de valeur qu’une huître perlière,
et qu’ils sont plus utiles à l’économie ;
qu’ils sont même indispensables…

Pour­tant, comme les huîtres
Ils restent enfer­més dans leur coquille
Accrochés sur le rocher de leurs taux d’intérêts
Sourds aux cris de détresse du peu­ple des poissons
et insen­si­bles aux courants marins pro­fonds qui agi­tent la société
Quant aux crises finan­cières, ils n’en tirent
guère plus de leçons que les huîtres.

Mais les financiers ne sont pas des huîtres.
Essayez d’en ouvrir un, vous découvrirez
Peut-être un cail­lou dans les reins ou dans le cœur
Mais jamais de perle.
Et n’essayez pas de l’avaler
Avec un peu de cit­ron ou de beurre salé
Ni cru ni poché.

Mais surtout,
Et en dépit de la légende répan­due par les financiers eux-mêmes,
D’après ce que savons de leur vie sexuelle
Et des con­di­tions de leur reproduction,
Con­traire­ment aux huîtres
Leur cap­i­tal, n’obéît pas aux lois de  la parthénogénèse.
L’argent ne fait pas de l’argent sui gener­is.

Pour faire de l’argent, l’argent
Doit prélever dans la poche des familles
Et des entreprises
Son intérêt sur la richesse pro­duite par le travail.

Ain­si, peut-on con­clure de notre observation
Sci­en­tifique, que les financiers ne sont pas des huîtres.
Ils sont non seule­ment bien moins délectables
Mais ils sont aus­si finale­ment moins précieux
Et surtout moins utiles à l’économie que les huîtres.

(Il n’est même pas sûr que leurs coquilles
puis­sent être gardées pour le com­post dans le fond du jardin.)

 

 

image_pdfimage_print