Nous revien­drons
Avec la parole
Seule
Dressée comme un éclair
Ténu
Avec le pain
Seul
Pétri de larmes
Et de sang
Versés
Avec une symétrie
De soleil
Pur

Nous revien­drons
Demain
Nous join­dre à l’homme
Anonyme
Frémis­sant dans la nuit
Sur ma terre de bise
Et de froidure
Cruelle
Ma ville en ruine
Se redres­sant à l’horizon
En flammes
À la den­sité de notre faim
Quotidienne

Nous revien­drons
Avec nos montagnes
Aux espaces inaccessibles
Et mon chant d’accusation
Armé de pier­res de fleuves
D’arbres de présences invisibles
Nos morts qui surgissent
Du sol
Avec leur haine sans recul
Comme autant de tempêtes
Vienne l’heure de la levée
En masse
Vienne l’heure
La colère de mon peuple
Semée de guérilla
Vienne la trame tissée
De nos souffrances
Con­tre la Négri­tude lasse

Nous sor­tirons des forêts
Les plus larges
Dans l’immensité sonore
De ma terre polie de sang
Avec notre cri de syllabes
Denses
Face à la mort
Qui patrouille dans la nuit.

 

[ce poème a paru dans Chant d’accusation, St Ger­main des Prés, 1976]

 

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