Nous sommes emportés par le temps, des quilles qu’il détru­it à volon­té, la tex­ture et la den­sité de nos corps indiquent une pos­si­ble immor­tal­ité, tout corps se croit immor­tel mais le temps nous dérobe, à chaque instant, nous ne pou­vons nous y inscrire que dans le façon­nement de la matière, c’est ce que nous croyons, c’est ce que nous devons croire mais nous ne sub­sis­tons, au fond, que dans la mémoire, notre mémoire et la mémoire des autres, nous sommes ain­si, sem­blable à une créa­ture de sable qui se délite lente­ment, à chaque pas nous per­dons un peu de notre sub­stance jusqu’à ce qu’il ne demeure que notre souf­fle, le souf­fle d’une absence, recon­stru­it par la mémoire, ain­si nous mourons tou­jours mais nous ne mourons jamais tout à fait, chaque homme est le déposi­taire de la mémoire de tous les hommes, chaque homme rend pos­si­ble la renais­sance de ceux qui ne sont plus, chaque homme est un témoin, le témoin de son pas­sage dans les étreintes et les paysages des nuits, nous sommes de la mémoire, de son souf­fle, elle est notre demeure, ciselée par les pul­sions de l’éphémère.

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