NOUS

Par | 21 avril 2014|Catégories : Blog|

 

                 Le vent ayant avalé d’im­prévis­i­bles oiseaux  s’est réfugié dans les mots qui   n’osent plus ouvrir la bouche . Nous, nous avons héris­sé notre langue  de défense  dans la gorge du silence afin que l’angine rouge du poème mûrisse la parole sans orig­ine, la parole d’im­mé­di­ate source.

 

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                Orfèvre voy­ant, le temps, ponc­tué de trous noirs,d’absences

ensoleil­lées râpièce la voix qui ordonne  toute ascen­dance céleste ou  asser­mente le râle d’écrire.

                Ne pacti­sant plus avec les pen­sées qui se dis­sipent des calami­teuses émo­tions, nous ne guet­tons, solen­nels, qu’en lune noire ; les codes échap­pant à l’e­sprit de l’af­folante ago­nie générale.

 

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                Pluie de suie, grésil rouge − réel acide émietté…

                L’oeil cherche la parole à laque­lle nous avons voué

avec fer­veur  naïve et abné­ga­tion dés­espérée tous nos innom­brables ren­dez-vous de soli­tude. Désor­mais, ne pou­vant plus compter que sur ce qui nous précède ou nous aspire irré­sistible­ment, nous allons à l’ig­no­rance la plus vide, la bien­heureuse inconnaissance.

 

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                Entre les brouil­lons de l’éveil et les marges de la per­fi­die men­tale, la fan­tasque et loufoque alié­na­tion nous dis­qual­i­fie dans la lenteur écartelée.

                Avisés que les reflets amplifi­ca­teurs de notre incroy­able léthargie voulant finir d’ ensom­meiller notre peu de soif, nous car­dons notre patience, l’étril­lons, pour faire de  notre coeur un ardent buis­son de ros­es, de notre âme un pain de ciel ouvert.

 

*

 

                Faute d’être la véri­ta­ble peau, l’o­rig­inel vis­age de ce corps qui n’est qu’une let­tre qu’il nous faut attis­er, nous avançons notre langue d’at­taque  dans la gorge du silence, afin, que le bruisse­ment du sel écume le feu d’un autre nom.

 

*

 

                          (la soif entre deux poèmes est un désert)

 

                Le silence grésille de l’é­cho que midi pré­fig­ure et que minu­it lui renvoie.

                C’est par l’au­rore pressen­tie que nous avons franchie, que nous nous sommes avisés ; par la langue déprise du fou­et du temps et les mots d’une autre parole que nous nous sommes ver­ti­cale­ment édi­fiés pour ne plus être que cha­cun de nos poèmes, pour les autres tout ce que nous sommes, même quand nous ne sommes pas.

 

*

 

                Notre rythme est celui du soleil sur les eaux ; de la pierre qui fait bruire le sel de son bat­te­ment ; de la mer qui ori­ente nos routes, nos chemins, nos sen­tiers muletiers jusqu’au delà des marges qui nous savent, de leurs lignes qui nous guident et ne nous guident plus.…là, où nous pou­vons édi­fi­er des mesures de silence immo­bile où croître hors du nom.

*

                Main­tenant  le pas le plus sûr est celui qui se fait dans l’e­spoir rugueux du suiv­ant, où de la halte défini­tive. Aus­si, nous n’avons ni à press­er le pas, ni à nous retourn­er, ni à rebrouss­er chemin, ni à nous arrêter, si ce n’est que pour mieux nous mou­voir en notre sang, nous réac­corder avec notre coeur ou avec le grand souf­fle uni­versel qui nous respire.

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Nous

Par | 16 janvier 2014|Catégories : Blog|

 

Nos deux mon­des se par­lent, s’effleurent et puis se frôlent,
                sans jamais se touch­er,  comme si nos deux corps
                               se refu­saient à l’autre.
Per­méables à l’esprit, se jouant sans compter
                du ciel et de la terre,  du tré­fonds des enfers
                               aux clés du paradis. 
Hési­tant à tiss­er une toile entre nous, 
                sur l’écrin de nos peaux  craque­lées de désirs,
                               le voile de la pudeur  habille tout l’espace
                                               de nos cœurs orphe­lins des amours disparues.
Je vous embrasserais,  si vous laissiez mon nom
                fleurir sur vos lèvres.
Je vous embraserais sur les champs de l’amour,
                si vous lâchiez vos guer­res  et vos ser­ments perdus.
Je vous caresserai s, bien lovés peau à peau,
                si vous vouliez quit­ter  vos armoiries dorées
Tous les bruits de fureur  cesseraient dans l’instant
                et nos nuits sans non-dit seraient notre présent. 
                               En silence et sans arme, nos temps s’accorderaient.

 

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NOUS

Par | 10 septembre 2012|Catégories : Blog|

 

Nous ne nous par­lons qu’au téléphone
Pour que nos regards
Ne se ren­con­trent pas
Et n’aillent pas racon­ter aux autres
A quel point nous nous sommes aimés
L’un et l’autre
Et à quel point nous nous sommes blessés
L’un et l’autre
Et nos voix
Comme le cri des fla­mants roses
Ont donc appris à mentir
En quelque sorte.

 

Traduit par André Mathieu

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