de moins en moins 
de berge en berge
de vase en eau
de vase en verres
de ver­res en verres
moi
serve d’elle
d’un temps à l’autre
une onde un choc
ça grimace
sous le miroir
j’hydrocute mes espoirs
squelettiques
la rédemp­tion est un faux frère
un coup d’épée
dans l’eau un frisson
absolu concentrique
pas franche­ment un remous
pas même un remous juste
cette frag­ile agitation
molécu­laire jeu de hasard.

 

 

 

il la remonte
il la descend l’emprunte
il la con­naît tellement
bien sou­vent y rince
son désenchantement
la plu­part du temps
y noie
ses absences elle le laisse faire
s’enivrer
libre­ment elle l’accompagne même
puis vagabonde l’abandonne
muet­te­ment à son vice.

 

 

 

 

 

Prosterné     
arcbouté sur le ponton
cimen­té il gerbe
avec ferveur
dans le courant vert lent l’aveu
de sa crue éthylique.
offrande spasmodique
point d’ancrage
où des flu­ides se mêlent.

 

 

 

 

 

 

voici ma langue elle ondule 
ma langue de solil­oque longue
aus­si peu loquace
que ce long cours qui traîne
jusqu’à plus soif son eau
de par­fum de décoc­tion d’algue
à croire
qu’il est plus facile de se répandre
en non-dits
que tra­vers­er la journée
à jeun.

mais
ma langue ser­pen­tine prompte
aux inondations
quand le ton monte
après une mous­son de comptoir
verve acerbe
verbe acide
elle mûrit des entailles
au creux de mes méninges.

 

 

 

 

 

 

l’homme glisse 
comme fleuve
fleuve coule
comme personne
l’homme mâchonne
sa vie liq­uide au fond
du lit de l’hôpital sa vie
soumise aux entrelacs
de courants contraires
de gros rouges en petits jaunes
ces couleurs n’ont pas fait bon ménage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

énormément 
les fûts fébriles
crevassent les brumes
et les branch­es volubiles
sin­gent leurs consœurs
à la crête des eaux.
dans l’apaisante procession
des feuilles comme raides mortes
tombées de son œil
las il les con­sid­ère envie
leur péné­trante inertie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tonitrue 
tonne
sonne
faux
intérieur sub
séquent c’est mieux avec
glaçons loque que moi qui
liqué­fie mes sangs faux
fous mon vouloir à la baille
j’envoie tasse
comme on ne se refait pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

il déam­bule traîne 
plus que ne marche manière
d’essorer sa salade existentielle.
de bout d’amont
en bout d’aval
il tente
désamer­tume nébulise
évente
les épais­seurs suantes
de son cat­a­plasme de viande.
la brise crépite dans les feuilles
éparpille
sur quelques enjambées
des fragments
de cataclysme.

 

 

 

 

 

 

 

 

les couleurs dégor­gent ce matin 
la tem­péra­ture tou­jours fade et
sa fig­ure en bois en regard
sur­nage dégouline
le long du mur
argent de la glace.
dans l’œil on lui tape on
lui entre une espèce de coin
en tête s’asticotent
insen­sé­ment les nœuds
des nerfs la pulsation
de ses dérives nocturnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

des oub­lis en cascade 
flaque résiduelle
au milieu d’un champ
creux il fait plus soif que chaud
et je m’ennuie
Tu t’ennuies ? Me disais-je
j’abreuve
sans retourn­er la question
mes amyg­dales voraces voue
un énième culte
à la fluidité.

 

 

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