Paris, le 3 juin 2012
                            À  Béryl

 

Biz, Big Biz de Béryl
qui se prépare
à voguer
enfin
sur les vagues bleues
des Iles
en liberté

Peut-être
saura-t-elle
écouter
secrètement
les mes­sages codés des coquillages
blancs et noirs
qui content
les mille trist­esses et merveilles
des fonds marins, mul­ti­col­ores et noirs
de mon cher Madagascar !

O joli
mon joli coquillage
sans âge
qui nage
vertement
dans la mer impétueuse de ma mémoire triste gaie
bercée
encore et toujours
par la mélodie d’un piano blanc aimant
faisant corps avec le sable de Tamatave
l’autre ver­sant de mon île tant Aimé

O mon joli
plus que joli
coquil­lage blanc
se fondant
dans la foule en révolte
d’un Tananarive
affamé
affamé par la misère
Affamé par tant d’an­nées de mau­vais­es gestions
Affolantes
Et dans ce paysage
déchirant
qui réchauffe
ton âme d’ occidentale
Aimante
et hystérique
tu souris
Tu souris grandement
aux lendemains
qui sem­blent chanter!

Ton sourire de coquillage
blanc
dans ce paysage noir
mien
vaut bien mille bises
chauffées
tendrement
par la brise marine
de mon île rouge
à Reine couleur d’ambre

Il me revient
Il me revient
des vers obses­sion­nels de mon grand-père malgache
“Je te recon­nais entre cent je te recon­nais entre mille grâce à ton clin de cil prémonitoire”
c’est l’homme
l’homme aux syl­labes de flamme
qui acclame
ton salut fraternel
à l’ile rouge !

Et je tourne
tourne
et tourne
tel le roi merina*
autour du baobab
sept fois
centenaires
du Majun­ga tsimihety*
pour retrou­ver la force
qui me permettra
en ce chaud
soir
majungais
de te fondre
et te de confondre
avec le sable rouge
de mon île tant aimée

Gain
grain
tu n’es plus que grain
lorsque l’aube point
et que les chants antemoro*
se mélan­gent har­monieuse­ment aux chants sakalava*
oh ma Béryl
mon île tant aimé
comme
tu   es   belle !

 

 

*Meri­na, tsim­i­hety, ante­moro et sakala­va sont de eth­nies et se prononce respec­tive­ment : « merne », « tsimi­et », « anté­mour » et « sakalave »

 

image_pdfimage_print