Je t’en­ver­rai un poème du fond des
années –
  On entend encore le ron­ron de mon
frigidaire –
  Le silence bagué s’est envolé
  Et a rejoint ses frères à plumes, quelque
part ; mais toi, que fais-tu ? Où es-tu ?
C’est la même ques­tion, incessamment
répétée ; elle nous précède : nous sommes
son ombre
  Incrustée sur le trot­toir, et pour nous
définir
  Il faudrait un buvard, fine­ment posé
sur l’asphalte
  Pour relever nos humeurs et notre encre
  Avant qu’elle ne sèche ; il faudrait une
main pour épouser nos bords
  Den­telés, leurs craque­lures, – en redresser,
ici ou là, les pointes
  Défail­lantes ; – Dis, où es-tu ?

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