Autour de Vents Alizés, Con­tre-Allées, Le Jour­nal des Poètes, N4728, Soleils & cen­dre, Nunc, Poë­sis, L’hôte

Karoly San­dor Pal­lai, par ailleurs auteur d’essais et de poèmes, dont quelques uns ont paru dans Recours au Poème, met en œuvre une revue online Vents Alizés, dont on con­sul­tera le site de Vents Alizés1http://ventsalizes.wix.com/revue#!numéros

 

 

Un titre qui découle de sa pas­sion pour les lit­téra­tures de l’océan Indi­en et du Paci­fique, mais une revue qui n’est pas con­finée à cet espace géo­graphique, même si elle lui accorde une ample et belle place. On est frap­pé, immé­di­ate­ment, dans ces presque 500 pages, par la qual­ité de ce qui est pub­lié là, avec un ton ou une ambiance qui font irrémé­di­a­ble­ment penser en effet aux vents alizés et aux infini­tudes de l’océan de cette par­tie du monde. La revue est une partde l’océan Indi­en et Paci­fique. Des pages frater­nelles, ouvertes sur l’autre, qui jus­ti­fient pleine­ment le titre de ce pre­mier numéro : Par­taz. Formelle­ment, cette revue en ligne se présente et se lit comme un livre. C’est fort bien réal­isé. On y lira, en divers­es langues, des poètes et des écrivains orig­i­naires de l’Océan Indi­en (Mau­rice, Sey­chelles), de la Caraïbe et des Amériques (Cana­da, Haïti, Mar­tinique), du Paci­fique et de l’Asie (Philip­pines, Nou­velle-Calé­donie, Polynésie Française, Viet­nam), d’Afrique et du Proche Ori­ent (RDC, Zim­bab­we, Jor­danie, Liban, Maroc, Pales­tine, Tunisie) et d’Europe (France, Italie).

Karoly San­dor Pallai.

On y retrou­vera des poètes pub­liés ou amenés à l’être dans Recours au Poème, comme Sonia Khad­er ou Mou­nia Boulila par exem­ple. Pour ma part, ma sub­jec­tiv­ité m’a con­duit à aimer tout par­ti­c­ulière­ment les textes de poètes comme Borgel­la, Leonidas, Anne Bihan, Pham van Quang, Gar­nier-Duguy, Ben Eye­n­ga Kaman­da ou Ten­daï Mwana­ka. Le tout est accom­pa­g­né de notes de lec­tures et de superbes œuvres d’art con­tem­po­raines, pour une bonne part réal­isées par des artistes mex­i­cains. Tout cela a le souf­fle des mon­des autres, une grande respiration.

Franche­ment, amoureux de la poésie, vous auriez tort de vous priv­er de la lec­ture d’une revue qui nous parvient comme un don2Vents Alizés, revue semes­trielle online en accès libre : http://issuu.com/pallaikaroly/docs/vents_aliz_s_-_partaz/45; Lire Karoly San­dor Pal­lai dans Recours au Poème :https://www.recoursaupoeme.fr/po%C3%A8tes/k%C3%A1roly‑s%C3%A1ndor-pallai.

 

 

Con­tre-Alléespour­suit sa belle aven­ture sous la houlette de son cou­ple de créateurs/fondateurs, Romain Fusti­er et Aman­dine Marem­bert. Ce nou­veau numéro met à l’honneur le poète Jacques Ancet, en un poème inti­t­ulé « un entre-deux sans fin » com­posé de sept par­ties. Sept, il n’est pas de hasard pour ce poème d’apparence quo­ti­di­enne mais qui en son par­cours con­duit son lecteur vers un dévoile­ment ini­ti­a­tique du réel. Il se ter­mine donc for­cé­ment sur une ques­tion. Vien­nent ensuite une quin­zaine de poètes, cer­tains présents ou à venir dans Recours au Poème(Marie Huot, Philippe Païni, Emmanuel Mer­le, Chris­t­ian Vogels…), puis des ques­tions croisées per­me­t­tant d’entendre Luce Guil­baud, Cécile Guiv­arch, Cédric Le Pen­ven, James Sacré, Anne Belle­veaux, San­drine Fay, Jean Le Boël et Jean-Louis Mas­sot. Des per­son­nes qui oeu­vrent pour la poésie depuis belle lurette. Con­tre-Alléesaime aus­si les autres revues, si bien que ses notes de lec­ture par­lent de plusieurs de ses con­frères, sou­vent en sym­pa­thie. Un beau numéro, avec la voix forte de Marie Huot3Con­tre-Allées, numéro 31/32, revue de poésie con­tem­po­raine dirigée par Aman­dine Marem­bert et Romain Fusti­er. Le numéro 10 euros. 16 rue Miza­ult. 03100 Montluçon, contre-allees@wanadoo.fr, http://contreallees.blogspot.fr/.

 

Le récent numéro de ce Jour­nal des Poètesdont nous dis­ons régulière­ment du bien, car nous nous sen­tons humaine­ment proches de lui, en sa chaleur frater­nelle, et loin des petits chapelles pré­ten­tieuses, est, comme d’habitude est-on ten­té de dire, de fort belle qual­ité. On lit ici un superbe hom­mage de Jean-Luc Wau­thi­er à la poésie de Richard Rognet, un dossier pas­sion­nant sur les poètes de l’Est en Bel­gique, con­coc­té par Albert Mox­het, dossier per­me­t­tant de lire Robert Schaus, Bruno Kartheuser ou Léo Gillessen. Puis le Jour­nal revient sur la Bien­nale de Liège 2012, en don­nant la parole à son prési­dent Dany Lafer­rière, entre autres. Et aus­si, car c’est de Parole dont il s’agit, à nom­bre de poètes venus aux Bien­nales, dont par exem­ple Mohamed El Amraoui, Bluma Finkel­stein, Anise Koltz, Jacques Ran­court, André Ughet­to ou encore Shizue Ogawa (pour la poésie de laque­lle j’ai un faible avoué). Trois belles pages, un poème poète. Une vraie page d’histoire. Notons aus­si qu’Yves Namur, col­lab­o­ra­teur réguli­er du Jour­nal, a reçu le prix Mal­lar­mé 2012 pour son recueil La tristesse du figu­ier, paru chez Let­tres Vives, édi­teur de haut vol. Il n’y a pas de hasard 4Le Jour­nal des Poètes. Numéro 4/2012, 81eannée, oct-déc 2012, Jean-Luc Wau­thi­er. Rue des Cour­ti­jas, 24. B‑5600 Sart-en-Fagne. wauthierjeanluc@yahoo.fr http//www.mipah.be, Le numéro : 6 euros. Le poète Jean-Luc Wau­thi­er, rédac­teur en chef du Jour­nal, donne main­tenant des chroniques régulières à Recours au Poème. Ici : https://www.recoursaupoeme.fr/users/jean-luc-wauthier.

Déjà le 23enuméro de N4728, belle revue, au for­mat rede­venu orig­i­nal, qui s’est pro­gres­sive­ment imposée dans le paysage poé­tique con­tem­po­rain. C’est même un des espaces par­mi les plus orig­in­aux et les plus con­tem­po­rains de ces dernières années. Chris­t­ian Vogels, aidé d’Albane Gel­lé, Antoine Emaz, Alain Girard-Daudon et Yves Jouan, pro­pose des écri­t­ures poé­tiques var­iées et ici con­sid­érées comme inno­vantes. Une par­tie des voix que l’on peut enten­dre ici, car pour N4728,poésie et oral­ité sont intrin­sèque­ment liées, ce en quoi nous sommes bien d’accord, provi­en­nent des lectures/rencontres de poésie con­tem­po­raine organ­isées à Angers par le Chant des mots, ou bien du côté de Rochefort (rien d’anodin en poésie, de ce côté de l’hexagone) et Saumur. C’est la par­tie « Mémoire vive », laque­lle pro­pose cette fois les voix de Edith Azam (un texte en prose, puis­sant, à paraître bien­tôt chez POL), Car­o­line Sagot Duvau­roux (dont la majeure par­tie de l’œuvre, elle aus­si en prose, et elle aus­si de grande puis­sance, est pub­liée chez Cor­ti) et Alex­is Gloaguen. La par­tie « Plurielles » donne quant à elle à lire des voix divers­es, lieu de l’ouverture de la revue (ce qui plaît bien évidem­ment aus­si à Recours au Poème), et l’on écoutera avec atten­tion les voix amies de Béa­trice Machet, Matthieu Gosz­to­la, Arnaud Tal­houarn ou Mathilde Vischer.

Cette dernière don­nant un ensem­ble qui reste longtemps présent à l’esprit. De toutes les manières, l’ensemble des pages de cette revue est d’une très grande qual­ité, et on lira avec atten­tion les textes de Patrick Argen­té, Estelle Can­talla, Nico­las Gré­goire, Daniel Pozn­er, Marie de Qua­tre­barbes, Maryse Renard, Nathalie Riou, Pier­rick Ste­u­nou, Jas­mine Vigu­ier, Jérôme Villedieu et Pierre Antoine Ville­maine. La revue se clôt sur des notes de lec­ture choisies, en par­ti­c­uli­er au sujet d’Ariane Drey­fus, Serge Nunez Tolin et Vin­cent Pélissier, dont les travaux nous intéressent forte­ment. Puis quelques mots de Antoien Emaz au sujet de trois poètes des édi­tions Poten­tille (dont il faut saluer le beau tra­vail), Geneviève Peigné, Philippe Païni et Albane Gel­lé. Un bel ate­lier, à vis­iter sans mod­éra­tion5N4728. Pub­liée par l’association Le Chant des Mots. Semes­trielle. Abon­nements : N4728. Madame Dan­dev­ille. 29 rue du Quin­conce. 49100 Angers. 25 euros pour un an. Prix du numéro : 12 euros, N4728@zythumz.fr.

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Le 103enuméro de Soleils & cen­dre, paru au print­emps 2012, ouvrait ses pages au « chaos ». Venant d’une telle revue, à la fois de poésie et de recherche intérieure en poésie, on se doute que l’ordo/ordre n’est pas loin… Le sous titre, « frac­ta­tion du point de vue », est, sous cet angle, très clair. Menée par Hen­ri Tramoy et Yves Béal, Soleils & cen­dreémane des édi­tions Les Soli­cen­dristes. Ici, l’on a goût pour l’alchimie et l’hermétisme, au sens noble de ces mots/visions/expériences. Autour du chaos, on lira des textes d’une ving­taine de poètes et écrivains, par­mi lesquels l’ami Matthieu Bau­mi­er (que je ne suis guère sur­prise de retrou­ver dans un tel thème d’écriture), Syl­viane Wern­er, Daniel Thür­ler, Philippe Jaf­feux, Jean-Guy Angles, Hen­ri Tramoy ou Jacques Labor­de. Une revue ancrée, située, et qui a un ton. Un vrai ton. Et une his­toire, main­tenant6Soleils & cen­dre. Hen­ri Tramoy. 99 bd des Mians. 84260 Sar­ri­ans. Le numéro : 6 euros. Revue trimestrielle. solicend@orange.fr, http://www.soleils-et-cendre.org/.

Ce nou­veau numéro de l’exceptionnelle revue Nuncrend un bel hom­mage à la poésie de Jean Mam­bri­no, lequel nous a quit­tés il y a peu. Trois textes revi­en­nent sur le poète, signés Pas­cal Boulanger, Claude Tuduri, en forme de poème, et Jean-Luc Max­ence. Tous insis­tent sur la lumi­nosité chré­ti­enne de l’homme et du poète. Le texte de Max­ence, intimiste, touche juste, me sem­ble-t-il, en évo­quant chez Mam­bri­no la part du feu, le néo­pla­ton­isme. Il y a avait une cer­taine idée de la Renais­sance chez ce poète. Vient ensuite le dossier cen­tral de ce numéro de Nunc, un dossier « ciné­ma »… en apparence ! Car évo­quer le ciné­ma de Béla Tarr, ce n’est pas unique­ment, loin de là, par­ler de cinéma.

C’est par­ler de poésie. Par­ler du Monde. Le dossier est dirigé par Hubert Chif­foleau. On lira la retran­scrip­tion d’un échange entre le réal­isa­teur et son pub­lic, pas­sion­nante, ain­si que des textes de Joël Ver­net, Hubert Chif­foleau (entre­tien), Jérôme de Gra­mont, David Lengyel. Ce dossier fait immé­di­ate­ment référence. Et, sincère­ment, lecteur qui aime la poésie puisque tu lis ces lignes, si par malchance tu ne con­nais pas encore le ciné­ma de Béla Tarr, le moment est venu d’une décou­verte, de celles qui mar­quent une existence.

Nuncpub­lie aus­si une suite de très beaux poèmes de François Bor­des, sous le regard de l’Evangile de Thomas, sou­vent con­sid­éré comme « l’Evangile des gnos­tiques » mais la for­mule est trop rapi­de, comme bien des for­mules. Qui lit ce texte en sait les pro­fondeurs ésotériques. On par­le ensuite de Vir­gile, de divers­es manières (Madeleine Désormeaux, Jérôme de Gra­mont), puis on rep­longe dans des poèmes, ceux de François Ama­neger, avant d’entrer dans la par­tie « Axis Mun­di » de la revue, cen­trée sur un cahi­er con­sacré à Michael Dum­mett. Deux textes signés Michel Four­cade et Chris­tine van Geen, puis un texte de Dum­mett. Tout cela est déjà fort riche et n’est cepen­dant pas ter­miné, car Nuncest un « mon­stre » comme Recours au Poèmeles aime : un entre­tien avec Jacques Arènes, des poèmes de Borges (ceux sur Spin­oza) dans une nou­velle tra­duc­tion, un texte impor­tant de Franck Damour au sujet de la récur­rente con­tro­verse autour de la fonc­tion anthro­pologique du droit et de très beaux poèmes de Christophe Lan­glois, poète que l’on retrou­vera aus­si bien­tôt dans Recours au Poème. Les notes de lec­ture évo­quent enfin Gamone­da, Bocholi­er, Mar­i­on, Del Valle… Ici, en cette revue, les choses sont cen­trées, et cela est bien7Nunc, revue atten­tive n° 29. Le numéro : 22 euros. www.corlevour.fr

Poë­sis n’est pas une revue au sens strict de ce mot mais il me plaît d’en par­ler ici. Il s’agit d’une « petite antholo­gie de poèmes maçon­niques » con­tem­po­rains éditée par l’Institut Maçon­nique de France, sous la houlette de l’ami Alain-Jacques Lacot, dans le sil­lage des activ­ités menées là pour pro­mou­voir le livre maçon­nique, et donc une vision sere­ine d’un human­isme pour demain. Autant dire que l’on a bien besoin de toutes les énergies…Les poèmes ici regroupés sont ceux primés lors du con­cours de poésie organ­isé par l’IMF à l’occasion du dix­ième salon maçon­nique du livre de Paris. 20 textes en tout, ponc­tués par un superbe cadeau d’un poète que nous aimons beau­coup dans les pages de Recours au Poème, Jacques Viallebes­set, poème inti­t­ulé La tribu nomadeque nous don­nerons à lire dans quelques temps.

On lira dans cet ensem­ble des poèmes divers, ancrés dans une pro­fonde quête spir­ituelle et intérieure, en par­ti­c­uli­er ceux de Jean-Philippe Ancelle, AxoDom Yves-Fred Bois­set (par ailleurs directeur de la revue mar­tin­iste L’initiation), Marc de la Paix, Jacques Fontaine, Thier­ry Mail­lard… Tout cela est d’autant plus impor­tant qu’il est évi­dent que poésie, ésotérisme et maçon­ner­ie appar­ti­en­nent au même Cor­pus d’être. On espère voir l’initiative se dévelop­per, et cette autre antholo­gie de la poésie maçon­nique autre­fois parue chez Dervy con­naître une nou­velle édi­tion « allongée ». Ici, nous ne man­querons pas d’idées et de liens vers des poètes pro­fonds à con­seiller. On peut deman­der mon email à la rédac­tion, ce sont gens cour­tois. Ils trans­met­tront, si j’ose dire8Poïe­sis. Petite antholo­gie de poèmes maçon­niquesPub­li­ca­tion de l’Institut Maçon­nique de France http://www.i‑m-f.fr/.

 

Bien­v­enue à L’Hôte ! Il faut, de tout temps, saluer l’initiative de se lancer dans la créa­tion d’une revue. C’est un acte néces­saire et, cela n’est pas rien, for­ma­teur. L’Hôteest sous titrée « Esthé­tique et lit­téra­ture », et n’est donc pas cen­trée sur la poésie. Mais elle mérite le salut. Le som­maire s’ouvre sur sept pages de textes du poète Gérard Pfis­ter, par ailleurs directeur des excel­lentes édi­tions Arfuyen. Le ton est ain­si don­né. Vient ensuite un texte très intéres­sant de Didi­er Ayres au sujet du nar­cis­sisme de l’auteur de théâtre, une étude de Gabrielle Althen sur Jean Fou­quet… Une revue d’esthétique sans doute, mais pas seule­ment. On sent dans ces lignes la volon­té de quit­ter les ter­res con­v­enues de cer­taine esthé­tique presque offi­cielle, et de repos­er une vraie ques­tion : celle du Beau. Cette revue n’est donc pas « de poésie » mais l’acte, lui, est poé­tique. Longue vie9Revue L’Hôte. Numéro 1. Direc­tion : Yas­mi­na Mah­di, Ivan Dar­rault-Har­ris, Didi­er Ayres, 27 rue Lucien Dumas. 87200 Saint-Junien. Le numéro 5 euros. didier.ayres@free.fr.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Sophie d’Alençon

Sophie d’Alençon est née à Wash­ing­ton en 1986. Jour­nal­iste, elle vit et tra­vaille actuelle­ment à Seattle.

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