Déjà un huitième numéro pour l’excellente revue La main mil­lé­naire créée  et dirigée par le poète  Jean-Pierre Védrines. La « tête d’affiche » de ce numéro est Béa­trice Lib­ert, avec une quin­zaine de poèmes courts et superbes, s’ouvrant sur un « Je suis poète jusque sous les ongles » :

 

Je suis poète jusque sous ma chemise
De nuit comme de jour
Eclaboussée d’étoiles et de fientes
Dans la musique rompue de mes révoltes

 

Et cet état de l’être poète qui vit en Béa­trice Lib­ert sur­git aus­si dans ce court poèmes, Racine :

 

A la racine de tout poème,
Il y a un mot d’amour.

 

 

C’est en effet, pen­sons-nous ici, d’avoir ren­con­tré l’Amour (humain) et d’y avoir cru, comme le dis­ait Jean de La Croix, qui fonde le poète en l’homme. Il n’est pas de poésie authen­tique sans amour pro­fond de l’autre humain, celui qui se tient debout devant soi.

La main mil­lé­naire pro­pose ensuite des poèmes et textes poé­tiques d’une ving­taine de poètes, poèmes réu­nis sous le beau titre « Une flamme en un mot ». On lira ici les mots, entre autres, d’André Morel :

 

Appréhen­der
de tout son corps
 

Com­pren­dre
sans penser
 

Rejoin­dre
sans écran
la tex­ture des roches
les fibres nues du bois
le diaphane de l’eau

(…)

 

et aus­si, par exem­ple, ceux de poètes tels que Anny Cat, Jean-Claude Xuereb :

 

Mais où sont les feux de Saint-Jean
qui enlu­mi­naient les collines
en ronde écla­tante de joie
dans les veil­lées de l’été ?

 

Jo Paci­ni, Matthieu Bau­mi­er, Quine Cheva­lier, Thérèse-Françoise Cras­sous… Suiv­ent six textes de prose poé­tique. Puis un texte de Jo Paci­ni con­sacré à Robert Mus, « paysan pein­tre » « dans le voisi­nage de René Char ». Et un long « Frag­ment » de Paul San­da, poète et édi­teur (Rafael de Sur­tis), où l’on vit de l’intérieur un moment éton­nant de la vie de Casano­va, avec un zeste de magie des profondeurs.

Mer­ci à Jean-Pierre Védrines et à ses amis, de cette générosité con­sis­tant à éditer d’autres poètes et à don­ner à lire ces œuvres qui se font. Amour, fra­ter­nité, générosité : la vraie poésie et les véri­ta­bles poètes se tien­nent sur ces lignes de crête, pas ailleurs.

 

La main millénaire.
Direc­tion : Jean-Pierre Védrines
Abon­nement 3 numéros : 36 euros.
Le numéro : 15 euros
jean.pierre.vedrines@cegetel.net

 

 

La revue annuelle Les Cahiers du Sens, dirigée par Jean-Luc Max­ence et Dan­ny-Marc, à l’enseigne des édi­tions Le Nou­v­el Athanor, est un « mon­stre » : près de 250 pages, essen­tielle­ment pages de poésie. Le thème de ce numéro 24 occupe un tiers du vol­ume et est con­sacré à « Le oui et le non ». Le dossier pro­pose une grande diver­sité d’appréhensions de ce thème, entre sérieux et humour, poésie et pen­sée. On lira des textes d’Etienne Orsi­ni, Jacques Som­mer, Michel Cazenave, Paul de Bran­cion, Math­ieu Hil­figer, Guy Allix, Kiko, Matthieu Con­za­les, Sey­mour Brus­sel, Marie-Josée Desvi­gnes, et bien d’autres. Chaque année, le dossier des Cahiers du Sens se présente ain­si, une bro­chette de manières de voir le monde, de le saisir. Un lieu de diver­sité en actes.

Les deux autres tiers du vol­ume for­ment, comme à l’habitude bien ancrée main­tenant, une « antholo­gie per­ma­nente ». Une soix­an­taine de poètes, représen­tés par un, deux ou trois poèmes. Une famille élargie en somme. Impos­si­ble de citer tout le monde dans ce mini panora­ma annuel de la poésie française con­tem­po­raine. On lira, par exem­ple, Gwen Gar­nier-Duguy, Salah Al Ham­dani, Jean-Marie Berthi­er, Lau­rence Bou­vet, Jean-Bernard Char­p­en­tier, Fran­cis Combes, Karim Cor­nali, Gérard Engel­bach, Dominique Fab­re, Christophe For­geot, Lionel Gerin, Bernard Jako­bi­ak, Frédérique Ker­bel­lec, Pierre Lan­dete, Mar­il­yse Ler­oux, Jean Mai­son, Rose-Marie Naime, Bernard Per­roy, Pierre Selos, Jean-Luc Sigaux, Armen Tarpin­ian, Bruno Thomas, Jacques Viallebes­set…. Un ensem­ble qui, là aus­si, dit la diver­sité des approches du monde.

Vien­nent ensuite des textes de « voyage ».

La revue se ter­mine par un ensem­ble de lec­tures de livres récents pro­posées par divers chroniqueurs, cha­cun défen­dant ses goûts et affir­mant ce qu’il appré­cie moins.

Une bien belle œuvre que ces Cahiers du Sens qui appa­rais­sent dans le paysage chaque année, au moment du marché de la poésie.

 

Les Cahiers du Sens
Edi­tions Le Nou­v­el Athanor
70 rue d’Ivry
21 4PB
75013 Paris
danny.marc@free.fr
Site : lenouvelathanor.com
Le numéro : 20 euros

 

 

 

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