En poésie, la sim­plic­ité est ce qu’il y a de plus dif­fi­cile à atteindre.

Ce que je cherche dans la lec­ture d’un poème ? Le trem­ble­ment qui le traverse.

Une œuvre est habitée quand elle est portée par sa nécessité.

Dès les travaux pré­para­toires et les pre­miers jets, mon poème s’impose et s’ébauche d’emblée comme un poème, sans pas­sage par la prose.

Lorsque j’entends dire d’un film qu’il est plein de poésie, je crains le pire.

Cer­tains auteurs gag­n­eraient à renon­cer à ver­si­fi­er leurs textes qui ne sont au fond que de la prose déguisée en poèmes.

J’ai mis longtemps à me réc­on­cili­er avec ce « je » qu’on m’avait à l’école dit si « haïss­able ». Sans doute ne le suis-je pas encore tout-à-fait.

A l’origine de cette défi­ance envers l’emploi du « je », il y a prob­a­ble­ment un con­tre­sens et une con­fu­sion entretenue avec l’égo.

J’écris à la pre­mière per­son­ne quand je ne peux mod­este­ment tir­er de général­ité de mon expérience.

Peu à peu je suis par­v­enue du on au nous, puis j’ai enfin  osé  je.

« Mer­ci de con­firmer votre présence » : une recom­man­da­tion néces­saire, tant il est vrai que la mienne passe habituelle­ment inaperçue.

Je me méfie de toute ten­ta­tive biographique, sauf à admet­tre qu’elle est for­cé­ment erronée et faussée, que tout retour sur le passé est  par­tiel et par­tial, voire revis­ité, réinventé.

Dans la béance entre ce que nous avons objec­tive­ment vécu et ce que nous en avons retenu, il y a le sens que nous don­nons à notre vie.

Depuis ma nais­sance, c’est comme si j’avais déjà vécu plusieurs vies suc­ces­sives. C’est sur la dernière que je cale, celle qui aurait dû être la plus accomplie.

Ce que cer­tains nom­ment leur bonne étoile ou leur ange gar­di­en est seule­ment l’instinct de survie et la force vitale.

Plus le temps passe, plus je me désen­com­bre et m’allège du poids de l’inutile.

Ce qu’on appelle couram­ment courage n’est par­fois que de l’inconscience.

 

A paraître en jan­vi­er 2014, pré­face de Claire Fourier
(Les Edi­tions Sauvages, col­lec­tion La Pen­sée Sauvage)

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