C’est un livre de poèmes pour enfants, mag­nifique­ment illus­tré par Zaü, mais allons tous y jeter un œil (de 7 à 77 ans, et même au-delà). Son auteur, Marc Baron, est l’ancien directeur artis­tique du salon du livre jeunesse de Fougères, dont on avait déjà aimé, en 2008, son Tant de neige sur mon pays (Pluie d’étoiles éditions).

Cette fois, le poète pub­lie plus de 80 poèmes de trois vers et explique ce choix par la com­plic­ité per­son­nelle qu’il entre­tient avec le chiffre 3. Il est né un 3 octo­bre. Il pesait 3 kilos à sa nais­sance. Il a 3 frères et 3 sœurs. Sa fille est née un 3 jan­vi­er. « Cher lecteur, écrit donc Marc Baron, ne sois  pas éton­né que je veuille aujourd’hui ren­dre hom­mage à ce chiffre porte-bon­heur. Voici des frag­ments de vie, juste 3 lignes comme des trèfles à 3 feuilles. Si tu veux toi aus­si entr­er dans le jeu, n’en lis que 3, chaque soir, avant de t’endormir et mon bon­heur sera parfait ».

 

Ces frag­ments de vie, dont par­le le poète, pren­nent par­fois la forme de véri­ta­bles haïkus. « Sous la pleine lune /Une coupelle blanche /Le chat boit du lait ». Ou encore ceci : « Une porte s’ouvre /Peut-être le ven­t/Peut-être le chat ».

De bout en bout, en tout cas, c’est un appel à savour­er la vie qui résonne. « Écris dans ton cahi­er /Sème dans ton jardin /Le print­emps fera le reste ». C’est aus­si, chez l’auteur, l’art de révéler le mer­veilleux ou l’inattendu dans la banal­ité des jours. « Il pleut juste un peu /Les mouch­es /Se douchent ».

Par­fois Marc Baron se fait péd­a­gogue, mais tou­jours à mots feu­trés. « Quand tu ne com­prends plus /Le pourquoi, le com­ment, regarde /Comme est beau le jour qui se lève ». Il inter­pelle son lecteur : « Si ton chat soudain te par­lait /À tort et à tra­vers /Le som­merais-tu de se taire ? » Mais il n’oublie jamais qu’il s’adresse d’abord à des écol­iers. « Le singe apprend à lire /Il sait déjà /le b‑a ba de la banane ». Il le fait avec humour et détache­ment. « J’ouvre mon livre /Deux mots me saut­ent aux yeux /Puce et kangourou ».

Sou­vent léger et facétieux, cet album n’évacue pas, mine de rien, quelques grandes inter­ro­ga­tions « méta­physiques » sur l’existence. « On dit que le bon­heur /tremble dans les feuilles /Mais tout ça c’est du vent ».

 

 

Cet album a retenu l’attention des enseignants. Il vient d’être sélec­tion­né par l’Education nationale dans sa liste de « Lec­tures pour col­légiens de 6e ». Il est égale­ment en course pour le 11e prix poésie Lire et faire lire/le Print­emps des poètes.

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