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Pierre Tanguy et Michel Remaud, Ici Même

 

Les belles éditions rennaises La Part Commune publient Ici même sous la plume de Pierre Tanguy rehaussée du subtil pinceau de Michel Remaud. Ouvrage où il nous est donné à contempler, De l’Extrême-Orient à ‘l’Extrême-Occident’, le « haïga », association d’un haïku à une image, comme l’explique fort bien l’éminent ‘haïkiste’ Alain Kervern, dans la postface du recueil.

En trois parties, Sur la côte, Dans les terres, Au jardin, ces chemins, ces lieux qui sont les siens et probablement son univers, Pierre Tanguy se fait le créateur de l’instant qu’il rend vivant. Il palpe les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances et les analogies ainsi que Michel Manoll a voulu l’écrire au sujet de l’œuvre de René Guy Cadou.

Et pour l’exprimer, il confie à ces moments offerts leur part d’émotion : Montant dans le train/elle serre très fort/son bouquet de lilas ; La pointe rouge/du premier bouton de camélia/me rassure ; leur trace d’humour Grands gravelots trottinant/dans la laisse de mer/quelle pagaille ! ; leur surprise : Cette racine brune/glissant entre mes pas/une petite couleuvre ; Un renard bondit/devant la roue de mon vélo/la belle journée ; aussi la tendresse de l’amour : Au cœur du trèfle violet/la voix de mon père/traversant un champ ; la bêche de mon père/son vieux manche/me donne des forces ; En fleurissant/ces plants de giroflées/ressuscitent ma mère.

Il faut ajouter que chaque page, sans confusion aucune, sans illusion, sans complaisance, en butinant mots et couleurs, laisse deviner quelque chose du mystère de la vie ainsi que les livres de Pierre Tanguy nous le donnent chaque fois à sentir et goûter (ah ! la confiture de cassis).

C’est sûrement ce que Michel Remaud, maître de son art, dans un langage personnel et épuré, révèle ou ressuscite en ouvrant le regard aux perceptions de ce qui nous dépasse, ces couleurs de l’âme qu’il met « en pleine lumière » selon son propos.

Voilà un recueil où tout peut se lire, se contempler avec François Cheng, c’est-à-dire communier et faire advenir la beauté, selon la citation portée en exergue de l’ouvrage.