(tra­duc­tion de Har­ry Szpilmann)

Instruc­ciones para matar un caballo

Se le adel­gaza la fuerza de las patas delanteras horadan­do con la hoja de una cuchilla. Se hacen var­ios cortes has­ta que el ani­mal cae de frente como arrodil­lán­dose. Después vienen dos garfios que lo alzan por las patas traseras y su gar­gan­ta que­da expues­ta para la mis­ma del­ga­da cuchilla. Se colo­ca una cube­ta de met­al para aten­uar la caí­da de la san­gre que ven­drá inmedi­ata­mente después de un corte cert­ero en la gar­gan­ta —Tiene el cabal­lo la cual­i­dad para deten­erse el corazón cuan­do via­ja a la veloci­dad del sonido. El hom­bre, por su parte, desconoce esta vir­tud cuan­do va hacia el desamor a la veloci­dad de los cabal­los—. Su tráquea es de már­mol. Hay que ser deci­si­vo para abrir­le bien el cuel­lo y silen­ciar el dolor.

Hay un dios ebrio en todo cabal­lo que duerme de pie.

 

Instruc­tions pour tuer un cheval

           On affaib­lit la force des jambes avant en les entail­lant avec le tran­chant d’un couteau. On réalise plusieurs coupures jusqu’à ce que l’an­i­mal tombe vers l’a­vant comme s’il s’age­nouil­lait. Ensuite, deux cro­chets se présen­tent qui le hissent par les pattes arrières de façon à ce que sa gorge soit exposée au même tran­chant effilé. On place alors un seau en métal pour amor­tir la chute du sang qui fera immé­di­ate­ment suite à la pré­ci­sion d’une coupure dans la gorge.

            Le cheval a la fac­ulté de sus­pendre les bat­te­ments de son cœur quand il voy­age à la vitesse du son. L’homme, pour sa part, mécon­naît cette ver­tu lorsqu’il va au désamour à la vitesse des chevaux. Sa tra­chée est de mar­bre. Il faut être décisif pour lui tranch­er la gorge et faire taire la douleur.

            Il y a un dieu ivre dans chaque cheval qui dort debout.

 

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Instruc­ciones para matar un cerdo

Es mejor matar a los cer­dos en el ver­a­no. Hay que ten­er el corazón puesto en hielo para no dejarse ator­men­tar por la vida cuan­do se aleja.
Quien lo des­man­tela con breves choques eléc­tri­cos sobre el cuer­po le ahuyen­ta un poco la tristeza.
Deje caer su cuer­po robus­to sobre el envés del ani­mal. Amarre las patas traseras has­ta imposi­bil­i­tar­lo con el fin de que per­manez­ca de costados
—imagí­nese a un hom­bre mani­ata­do—. Cuan­do la bestezuela quede bocaal­cielo, hun­da el cuchil­lo sobre el pecho, y ten­ga pre­sente que éste, como la gar­gan­ta de los cabal­los, es duro si se hunde con mano sensible.

Los últi­mos gemi­dos del cer­do son pro­lon­ga­dos y estri­dentes. Entierre has­ta que los mús­cu­los per­mi­tan y coloque un balde cer­ca de su gar­gan­ta múlti­ple. No deje de revolver la san­gre con el afán de que no desa­parez­can los bor­bol­lones rojos ni el teji­do atemperado.
Rebane todo su per­fil y desprén­da­lo de sus ges­tic­u­la­ciones has­ta que su ros­tro sea, al final de la tarde, una más­cara de carnicería.
Deje que los flu­i­dos y la san­gre que cae se trasmi­nen en el sue­lo. La tier­ra hará lo suyo.

 

Instruc­tions pour tuer un cochon

            Il est préférable de tuer les cochons en été. Il faut avoir le cœur plongé dans la glace pour ne pas se laiss­er tour­menter par la vie lorsqu’elle s’en va. Qui l’é­tour­dit par de brefs élec­tro­chocs, chas­sera un tant soit peu la tristesse.
           Lais­sez-vous tomber de façon robuste sur le dos de l’an­i­mal. Attachez-lui les pattes arrières de façon à le con­tenir afin qu’il demeure sur son côté (imag­inez un homme lig­oté). Une fois la bête tournée gueule au ciel, enfon­cez le couteau dans la poitrine, et sou­venez-vous que celle-ci, tout comme la gorge des chevaux, résiste si l’on œuvre d’une main sensible.
           Les derniers gémisse­ments du cochon sont pro­longés et stri­dents. Enfon­cez la lame jusqu’où les mus­cles le per­me­t­tent, et placez un seau près de sa gorge mul­ti­ple. Con­tin­uez à remuer le sang afin que ne dis­parais­sent ni les rouges bouil­lon­nements ni le tis­su tem­péré. Coupez-le tout entier en tranch­es et arrachez-le à ses ges­tic­u­la­tions jusqu’à ce que sa gueule ne soit plus, en fin d’après-midi, qu’un masque de boucherie.
           Lais­sez les flu­ides et le sang qui coule pénétr­er le sol. La terre s’oc­cu­pera du reste.

 

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La rana moteada

 

La for­ma del nado es un sig­no medu­lar para difer­en­ciar a la rana comestible de la rana moteada.
Esta segun­da es carne para matar a ani­males may­ores y sirve, a la par, de alu­cinógeno para embel­le­cer a cier­tos mamíferos.
A la primera especie se le puede hal­lar en la cir­cun­fer­en­cia de los
ríos donde los estanques nat­u­rales se vuel­ven un asidero de alimento.

Cap­tura­da la rana, se colo­ca de lomos y se abre. Se le cor­ta des­de el pecho has­ta las cavi­dades de las ancas después de haber sep­a­ra­do la cabeza del cuerpo.
Se lava y lo que res­ta se destaza en var­ios cortes lis­tos para votarse al fuego lento de las hornillas:

Es mejor ver­la de bruces en el platil­lo, como una enorme flor verde, que flotan­do de muerte nat­ur­al jun­to a las hojas de los nenúfares.

 

La grenouille mouchetée

            Leur façon de nag­er est un signe médul­laire pour dif­férenci­er la grenouille comestible de la grenouille mouchetée. Cette dernière est chair pour tuer des ani­maux de grande taille et sert à la fois d’hal­lu­cinogène pour embel­lir cer­tains mam­mifères ; la pre­mière espèce peut se ren­con­tr­er à l’en­tour des riv­ières où les étangs naturels sont des viviers d’aliments.

            Il faut met­tre la grenouille sur le dos et l’ou­vrir ; on l’in­cise à par­tir du ven­tre jusqu’aux cav­ités des cuiss­es, ce après avoir séparé la tête du corps. Ensuite on la rince et ce qui reste est découpé en morceaux que l’on jette au feu lent des fourneaux.

            Il est préférable de la voir étalée sur une assi­ette comme une énorme fleur verte, que de la voir flot­ter de mort naturelle par­mi les feuilles de nénuphars.

 

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Matar un cordero

 

Qué temi­ble es la serenidad en los ojos de los pequeños recen­tales cuan­do van hacia la muerte.
Su cuer­po desprende un ras­tro de ori­na lumi­nosa que la gente de la tribu sigue para no perder­se en la niebla.
Sin embar­go, sus miem­bros for­t­ale­ci­dos ya no pertenecen al vien­tre ni al cielo de flo­res en el que moraba.
La muerte no da señales.
Los primeros hom­bres colo­can al cordero de costa­do. Lo some­ten y rebanan de un golpe cuel­lo y gar­gan­ta. No dejan que se agrave en la agonía.
Ras­tril­lan su piel lava­da y la reti­ran para las prov­i­den­cias que vienen.
Cor­tan de un tajo las pezuñas, se div­i­den los mus­los, el pecho y en cabeza cercenada
ven a un ído­lo vivo para ahuyen­tar los temores hacia la carne.

 

Tuer un agneau

            Comme elle est red­outable la sérénité dans le regard des petits derniers-nés lorsqu’ils vont à la mort.
           Leur corps laisse une trace d’urine lumineuse que les gens de la tribu suiv­ent pour ne pas se per­dre dans le brouil­lard. Cepen­dant, leurs mem­bres ren­for­cis n’ap­par­ti­en­nent déjà plus au ven­tre ni au ciel de fleurs dans lequel il séjournait.
           La mort n’en­voie pas de signes.
           Les pre­miers hommes pla­cent l’ag­neau sur son côté. Ils le soumet­tent, et d’un coup sec tranchent gorge et cou. Ils ne lais­sent pas l’ag­o­nie s’ag­graver. Ils rasent la peau lavée et l’ô­tent pour les prov­i­dences à venir. D’un coup de couteau ils coupent les sabots, et puis divisent les cuiss­es et la poitrine et la tête entamée ;
           ils y voient une idole vivante pour chas­s­er leurs craintes de la chair. 

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