Arpeggios
Hawks and pigeons first
on the jacket leaving profiles
of pressed flowers
on conked hair;
favorite compositions, things
distinguished in the pennywhistles
of the prow
in the mines.
Even in Rio, Paris,
little tangible is edible
that doesn’t choke in the gullet
of misery,
hungry men playing
for each other,
blocking out this criminal world.
Genius lost and found
on the corners of Soweto;
Miriam, alone in her palatial
campus suite, clicking the sermon,
Armageddon the village-veld.
1999
Arpèges
Faucons et pigeons d’abord
laissant sur la couverture des profils
de fleurs pressées
sur des chevelures aplaties ;
compositions favorites, choses
remarquées dans les pipeaux
de la proue
dans les mines.
Même à Rio, Paris,
le tangible n’est guère comestible
sans étouffer dans le ruisseau
de la misère,
hommes affamés jouant
les uns pour les autres,
fermant la porte à ce monde criminel.
Génie perdu et retrouvé
aux quatre coins de Soweto;
Miriam seule dans son superbe appartement
universitaire, cliquant le sermon,
Armageddon, village-veld.
(in spanish)
one might expect the mother-tongue
in a faltering vocabulary
but closer to the mark of feeling
which takes the elements of song
into the sinews of truth
and consequences within that ring
of sentiment
that cannot be sentimental
discounting flamenco
lullabies of toil
buried with the sun
whose freckles face up the mirror
as the grape grows, beans
the sugar of a plantation (plantains)
belonging to no one
in the oasis of the tongue
to kiss that fruit
before the nectar turns
to ferment
as firmament to fresh space
of a girl who speaks both idioms
the largest vocabulary in English
the heart of a woman becoming
still suckled by mother-tongue
and she tastes wholesome and good
the only true religion of the flesh & bone
1999
(en espagnol)
on pourrait attendre l’arrivée de la langue-mère
dans un vocabulaire trébuchant
mais plus proche du sentiment
qui amène les éléments du chant
dans les tendons de la vérité
et aux conséquences dans ce cercle
de sentiment
qui ne peut être sentimental
sans compter le flamenco
les berceuses du labeur
enterrées avec le soleil
dont les taches de rousseur parsèment le miroir
tandis que poussent le raisin, les haricots
le sucre d’une plantation (plantains)
qui n’appartient à personne
dans l’oasis de la langue
embrasser ce fruit
avant que le nectar ne
fermente
comme le firmament devient le frais espace
d’une fille qui parle les deux idiomes
le vocabulaire anglais le plus étendu
le coeur d’une femme en devenir
toujours allaitée par sa langue-mère
et elle est entière et bonne au goût
la seule vraie religion de la chair & des os
1999
ELDER
You lead a small pack on a walking tour
(it has already begun to rain)
I am thinking about the word “plangency”
because of Bob Hayden’s poem “October”[without conceit of color]
Langston’s “long march” in laughter/blues [my Iowa thesis Blues & Laughter]
(the tree-line of your spirit undiminished)
the cast “military” as Osawatomie packed supplies
against the ‘border ruffians’ confederates
changing tunics and bedrolls to traverse
the Mason-Dixon line and no line honorable
in the search for water feed as Douglass cautioned
in the night-medley of his grandma on the next plantation
this is currency to us and so to chapel feints imploding
on cretonne lips traduced in Jolson’s “Mammy”
the King of Swing losing his clarinet in ’38 to Pres
and Pres satisfied to follow Lady solo too sweet to suite
even on “Strange Fruit” Langston marching to Scottsboro
the long hand of his journals ossified in blood and kin
I read the folder on Brown v. Board of Education
four John Brown letters in his ‘own’ hand
listened to the last Hughes public reading in Lawrence
on cassette (the parenthetical lisp as timeline *regus)
knew his racial mountain and THE WEARY BLUES
translated in Cuba Libre as only Guillen would sound it
commenced to “emery” board our ‘Po’ Wayfaring Stranger’
lyric from one annal to the other: public parlance/private song
[poem written for Emery Wimbush, Jr., librarian, Lincoln University, (PA)]
2003
Patriarche
Tu diriges un petit groupe en promenade guidée
(il a déjà commencé à pleuvoir)
Je pense au mot plaintif
à cause du poème de Bob Hayden “Octobre” [sans vanité de couleur]
et du poème de Langston “La longue marche” en rire/blues [ma thèse d’Iowa Les Blues et le rire]
(la lignée non diminuée de ton esprit)
la troupe « militaire » des Osawatomie empaquetant leur équipement
contre les Confédérés ces “voyous des frontières”
changeant de tunique et de paillasse pour traverser
la ligne Mason-Dixon et aucune ligne honorable
cherchant de l’eau du fourrage comme Douglass le recommandait
dans le pot-pourri nocturne de sa grand-mère dans la plantation voisine
Nous monnayons le tout et nous voilà qui implosons aux feintes de chapelle
sur des lèvres de cretonne calomniées dans «Mammy » de Jolson
Le Roi du Swing perdit sa clarinette en 1938 au profit de Pres
et Pres se contenta de suivre Lady solo trop doux pour une reprise
même avec « Étrange fruit » Langston marchant vers Scottsboro
le manuscrit de ses journaux ossifié en sang et en parentage
j’ai lu le dossier Brown v. Board of Education
quatre lettres de John Brown de sa “propre” main
écouté la dernière soirée poétique de Hughes à Lawrence
sur cassette (le zézayage parenthétique comme régisseur de tempo)
connu sa montagne raciale et LE BLUES FATIGUÉ
traduit dans Cuba Libre comme seul Guillen savait le chanter
commencé sur une planche “émeri” notre “Pôv’ Étranger Errant”
paroles d’une annale à l’autre : langage public / chant privé
Poème écrit pour Emery Wingush, Jr., bibliothécaire à Lincoln University, Pennsylvanie
2003
What I know about chocolate cake (Chocolate)
For Barbara
The Mexicans call it “bitter water”
without removing any of the fat
you must grind the seeds of the cacao roasted
then sweeten with flavor as with vanilla a dark brown
(You must write down the dark overtones of calamas
in preparing such a cake eaten as the choctaws eat in a squat)
possessing the storytelling impulses of what you suppress
for the ritual dance: the cakewalk
(This could be cakes & ale, but you must promenade
not march Peter the fruit of your tree aproned)
the couple in intricate (eccentric) steps
receive the cake as special prize
such music of this dance (by your own making) a cakewalk
despite the Negro origins of this holdover
then pray for the child of this union “bitter water”
taking every chance that the hue of design will mirror the couple
who attend to the flowering of all that resides within you
an heirloom dark as night nursemaid glorious vanilla to the core
9 21 00 : Happy Birthday
Ce que je sais du gâteau au chocolat (chocolat)
Pour Barbara
Les Mexicains l’appellent “eau amère”
sans la séparer de son beurre
tu dois moudre les graines de cacao torréfiées
puis adoucir avec un parfum vanille par exemple marron foncé
(Tu dois noter les sombres tonalités des calames
en préparant ce gâteau mangé comme le font les Choctaw à croupetons)
tout en possédant les impulsions narratives de ce que tu supprimes
pour la danse rituelle : du gâteau
(Ce pourrait être gâteau et bière, mais tu dois flâner
pas marcher en cadence Pierre est le fruit de ton arbre en tablier)
le couple à pas compliqués (excentriques)
reçoit le gâteau comme un prix spécial
la musique de cette danse est (de ton propre fait) du gâteau
malgré les origines nègres de ce vestige
puis prie pour l’enfant de cette union “eau amère”
faisant tout pour que le ton du dessin soit le miroir du couple
qui assiste à la floraison de tout ce qui réside en toi
un héritage noir comme la nuit glorieuse infirmière vanille jusqu’au coeur
21 septembre 2000 : Joyeux anniversaire
In the Projects
Slung basketballs at Jeffries
House with some welfare kids
weaving in their figure eight hunger.
Mama asked if I was taking anything?
I rolled up my sleeves:
no tracks, mama:
“black-medal-man ain’t street-poisoned,”
militants called:
“he’s an electronic nigger!”
“Better keep electronic nigger ‘way.”
Electronic Nigger?
Mama, unplug me, please.
Dans les Projets
J’ai fait des paniers de basket à la Maison
Jeffries avec des gosses de l’assistance
qui tissaient leur faim en forme de huit
Maman a demandé si je prenais quelque chose ?
J’ai retroussé mes manches:
pas de traces, Maman,
“le médaillon noir n’est pas empoisonné par la rue,”
les militants ont crié :
“c’est un nègre électronique !”
“Tenez le nègre électronique à distance !”
Nègre électronique ?
Maman, débranche-moi, s’il te plaît.
IRISH SUIT (Galway) 1998
Cuirt Int’l Festival, in memoriam, Seamus Heaney, [1939–2013]
O’Mailles in High Street, fine selection of Irish Cloth,
one month from first measuring to completion; would send
then, the suit, to your home. But they do not make suits.
Even for repair, of an outseam to a better suit, Peggy’s
Repair, upstairs, and down a long hall; “Frank Rice,” she says
opposite Abbey Theatre, off Francis Street
but I have been given Copeland’s name in Dublin
and the laureate’s voice, famous Seamus, who did this
a time before, transport an “Irish Suit,” all the way to London
in a better decade, two decades ago, with a fine poem
in the cups of a ferry awash in a storm, Guinness
in my lap, sick children with empty bellies, awash again on Strand Rd.
Now aviary of wild swans, the Corrib River, salmon adrift near the bay
no running ferry to Aran Island, Synge’s spirit in boatless b&b’s
the government of the tongue a savage festival gong,
“no Bosphorus call to prayer, five times a day, and no Sacred Geometry.”
Suite irlandaise (Galway) 1998
Festival international de Cuirt, In memoriam, Seamus Heaney (1939–2013)
O’Mailles sur High Street, bon choix de tissus irlandais,
un mois entre les mesures et la finition ; on enverra
ensuite le complet chez vous. Mais ils ne font pas de complets.
Même pas de réparation, couture extérieure d’un bon complet, Atelier de
Peggy, premier étage, au bout d’un long couloir; “Frank Rice,” dit-elle
en face du Théâtre de l’Abbaye, au coin de Francis Street
mais on m’a donné le nom de Copeland à Dublin
et la voix du lauréat, le célèbre Seamus, qui l’a fait
une fois, il transporta un “complet irlandais” jusqu’à Londres
dans des temps meilleurs, il y a vingt ans, avec un beau poème
dans la cale d’un traversier bourlingué par la tempête, Guiness
sur mes genoux, enfants malades aux ventres vides, échoué de nouveau sur Strand Road.
Le fleuve Corrib, aujourd’hui volière de cygnes sauvages, saumons dérivant près de la baie
pas de traversier vers l’ile Aran, esprit de Synge dans des pensions sans bateaux
le gouverrnement de la langue est un sauvage gong de festival,
“pas d’appel du Bosphore à la prière, cinq fois par jour, et pas de Géométrie Sacrée.”
Muse
[Spencer Trask’s den at Yaddo]
On the porch of the secret stairway
a bee hive
I watch the coming and going
near the statue of Brutus
as metaphor to Union Avenue
when Lincoln bound up the Nation’s wounds
Yo-Yo Ma was about performance;
he sang on the cello
to novices and journeymen alike
forgetting the late hours of his perfect pitch
turned inward for an exacting father
and gave all who asked and did not ask
and moved on into the layered zones
of music carried within
a magical ignition
he could touch even when empty
a bowl refracting in the air
and Lincoln’s words were his own (mostly)
Brutus an ancient patrician
who did not know how to protect himself
Toomer’s beehive a trope on slavery’s
violation of the dark beauty of women
and you have come to me to heal
with no profit I can see but the good
of the hive her hope and honeycomb
alive in the free gift and she was sweet
La muse
[le bureau de Spencer Trask à Yaddo]
Sur le perron de l’escalier secret
une ruche
je regarde les allées et venues
près de la statue de Brutus
comme métaphore pour l’Avenue de l’Union
lorsque Lincoln pansa les blessures de la Nation
Yo-yo Ma était tout en performance ;
il chantait sur son violoncelle
pour les novices et les compagnons de route
oublieux de l’heure tardive de son parfait diapason
tourné en lui-même pour un père exigeant
il donnait à tous, demandeurs ou pas
et partait pour les zones étagées
de la musique intérieure
ignition magique
qu’il ne pouvait toucher même vide
un bol se réfractant dans l’air
et les mots de Lincoln étaient les siens (pour la plupart)
Brutus, ancien patricien
qui ne savait pas se protéger
la ruche de Toomer est un trope sur le viol esclavagiste
de la sombre beauté des femmes
et tu dois venir à moi pour guérir
sans profit je ne peux voir que le bien
de la ruche son espoir et son rayon de miel
vivant dans le cadeau gratuit et elle était exquise