(Traduit de l’arabe en français par Essia Skhiri)

 

Le peu de nec­tar, c’est moi… Et tu es l’orange…

Oh! Mon Dieu!
Oh! La métisse!
Tu es un bar
Meublé du sable
Oh! La belle aux yeux noirs
Oh! La belle tressée d’un poème d’une chanson
Oh ! La rose aspergée de toutes les couleurs
Le peu de nec­tar, c’est moi
Et tu es l’orange
Oh! La belle aux pieds corpulents
Enceints  d’enfants
Oh! La belle, un peu négresse, un peu arabe
Tu es mes quelques paroles
Devant Dieu

***

 

Celui qui t’a achetée, s’est procuré la fra­grance du clou  de girofle
De souf­fles d’une soirée
Ou, il se peut qu’il ait acheté
Les côtes du buste  d‘une île
Il se peut aus­si qu’il ait  acheté le buste de l’île,
La vague de l’océan
Les bras du matin
Et ses étreintes…
Celui qui t’a achetée
A  aus­si acheté un fourreau/ étui pour la plaie
Et une élégie pour le deuil
Celui qui t’a achetée
A acheté l’histoire de nos pleurs
Et les généra­tions de l’esclavage
Celui qui t’a achetée,
M’a acheté, moi-même, aussi
Oh ! La métisse !
Et bien
Serais-je le vendeur de mon visage
Et de mes paroles devant Dieu

***

Qu’ils inter­ro­gent la moelle de palmiers

Si un jour, ils ont aperçu

Un sable lavé et irrigué

Pareille­ment  au tien

Et qu’ils deman­dent aux bras du golfe

Quand est ce qu’ avec un peu de ta beauté

Le rêve a‑t-il séduit la nymphe

Et qu’ils deman­dent aux batail­lons de conquéreurs

S’ils ont vu une con­fronta­tion pareille à la tienne

Et les jours ne sont que des offrandes

 

***

Qu’ils se renseignent
Et la toute belle lunaire va leur raconter
Quelques poésies
Célébrant  tes seins lors des fins nuits
Et qu’ils se ren­seignent encore plus
Et l’épée et les livres vont en parler.

***

Oh ! L’orange
Ils ont décidé de te déguster
Pour qu’il n’y ait plus du nectar
Au sein de la vallée
Ils ont vio­lé cette terre
Pour installer un grand marché
Aux péchés
Et les voilà régnant
Et la cruche et la cuve demeurent
Et te vig­no­bles n’ont jamais cessé de donner
Et les chopes s’entrechoquent

***

Sec­oue vers toi le tronc de la source
Oh ! La métisse
Et purifie-toi
De l’affliction de ton passé
Dans le rêve et dans l’obstination/ volonté
Agite vers toi le nom­bril du monde
Les tours de forter­ess­es se réveillent
Les abeilles ont par­cou­ru les pâturages
Et le nec­tar te salue
Le rouge Orient/ Levant
Et la grâce te couvrent
Nous galo­pons et ils marchent en arrière
Jusqu’à ce que nous achevons le parcours

***

Le som­meil flotte dans les yeux de tes amants
Et ils t’ont quit­tée sub­mergés de rêves
Les régimes de dattes ne péris­sent jamais
Et les oiseaux de la baie n’ont pas de supplice
La source s’est assoupie
Et tous les êtres s’endorment
Et les fragrances
Et les lanciers de tes anges gardiens
Sont dressés

***

Quand tu les dépasses/ envahis
Je te parviens en bondant
Les cheveux mouillés
Et des ros­es plein les bras
Et alors
Laisse moi la porte ouverte
Et ma chance dans le lit chalereux
Et porte pour moi des voiles d’effluve
Et des chan­sons d’arbres et de ruisseaux
J’ai beau­coup de mer­veilles  à dire
A tes seins lors de l’aube

***

Range!
Le temps de la ren­con­tre est éphémère
Attends que je te rejoigne le matin
La mer est paisible
Et le bruisse­ment des paniers est poésie
Et les nénuphars affluent
Dans l’ étang du palais
Et les abeilles ont comblé les cal­ices de fleurs
De leurs embrassades
Et me voilà, main­tenant, plus resplendissant
Que je ne l’ai jamais été
Et me voilà aus­si jeune
Que je ne l’ai été
Dans ma jeunesse
Et me voilà envelop­pé d’une nou­velle lumière
Con­tem­ple moi
Le flux s’approche
Et — je suis partant-
Et avec la nou­velle marée
Je reviendrai
Est-ce que tu m’as reconnu ?
Dans le vent et les vagues
Dans la vigoureuse tempête
Et dans ma mort et dans ma résurrection
Je surviendrai
Et bien, dis
Que tu m’as aperçu
Puisque c’est toi
Qui as sculp­té mes traits et ma genèse
Sur les roches et le sable
Et entre les deux parsecs
Et je suis devenu
Sur les tablettes d’amour
souvenir

***

Main­tenant, je ne suis ni rassasié
De ta chair parfumée
Ni désaltéré ni déversé
Coulant de tes seins, je m’en vais
Et alors promets moi
De m’inviter à ton lit
Une autre nuit
Dont ta poésie et le par­fum de tes cheveux
Font une éternité

***

Et ma couleur s’entremêle avec la tienne
Ain­si que ma genèse
Et je fonds en toi
Étreins moi 

Et aux tombes des fleurs tropicales
Joins moi
Réu­nis moi avec les pleurs
Et les généra­tions de la servitude
Rassem­ble mes limbes/ mon cadavre
Et enveloppe moi dans tes bras
Qu’elle est douce ta fragrance
Que tu es forte
Que tu es inexpugnable
Nue et négresse
Tu es
Et tu es mes cer­taines paroles devant Dieu…

 

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