POUR LES YEUX ESSENTIELS
quelle histoire
encore ?
 

une heure
accrue écorne
le carnier
de lumières

la nacelle
court
toujours
par la dune
que le vent ourle
des dents

menottes
aux chevilles

l’égrenage des pépites
c’est l’affaire
d’un nuage
qui va
qui vient
vigile
à l’épaule
un ray­on corruptible

 

ciel posthume

 

l’envers d’une source
rampe
sous le cratère
des mains

la clé­matite
amère
vire
au plus vert
que vert
retient sous elle
le feu
contre
toute émotion
con­tre l’attente
des meules
ou
des pier­res harassées
tombales
à relever
d’une mémoire
trop meuble
      

arc-en-siècles

 

et ain­si
la mer
rouge étranglée
dans le miroir
des soirs
dépêchant ses crinières
vers le titre insalubre
du lendemain
papier
gras
pied
de lettre
fourmillant
par les ruelles
ébréchées
où l’argent
file
au bout
des pas
du bout des doigts
effacent
la lueur meurtrie
horion
au jour qui naît
comme
un poing
tim­bre sec
pour la larme
affranchie

 

douleur d’os

 

un sourire
sur la face décachetée
des lierres
quand
par ailleurs le mur
se déchausse
et s’ébroue

 

l’eau de fonte de la pierre ne nous tar­it-elle pas?

 

plus près
sur le chemin
plus frileux par le champ
que le maillet
de l’air
martèle
refend
de bloc
en scène
pour de prochains éclats
de mi-ciel
descendus
pour frayer
vers les urnes
écumables
trop

 

mouss­es
artères bleues de l’ombre

 

sous le paragon
noir
de l’arbre
hégémonique
le peigne fin des bambous
met la lumière
en plis
des frisons lèchent
le cou
du pilier
sans souplesse
jusqu’à ce que
la fenêtre
son regard qui traverse
le terrasse
d’un aveu

 

garde
à vue

 

détourne­ment d’yeux secs

 

l’aube
muette

 

alors
quoi?

 

rétrogradant
flotter
passer
le seuil flottant
entre
la poudre blonde
des heures
et l’horizon
tranchant
là où
le balancier
se retourne
et tout change
d’orient
de souffle
et de cadence

un fil
dis­con­tinu enjambe
l’effroi
des portes
d’une fièvre pâle
le vent
soulève
les voiles tendues
sur les poteaux
du cœur
qui claquent
saignées
à blanc

sous leur fou­et roule
l’exode
des poussières
prises
au tas
mis­es au pas
d’un ressac d’images
borgnes

 

à rebours

 

comme
à ras
tond la faux
de la voix éphémère
dans la broussaille
d’hiver

et le mot
reverdit
piètre surabondant

d’un souf­fle
s’animalise
pour la langue
ruminante
qui prit gorge
à couvert
dans l’odeur âcre
des corps

 

suint
du silence

 

: poème
 

 

Ce poème, inédit en français, a été traduit en ital­ien par Manuela Rac­canel­lo pour la revue Inter­pretare (Cam­pan­ot­to edi­tore 23/24/25, Udine 2011)
Dans Drailles. 5 poèmes verticaux

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