158-

Dans les prés, à côté des machines agri­coles, on trou­ve de bicy­clettes impa­tientes. Laque­lle enfourcherai-je

Pour rejoin­dre la lune qui pleure en hiv­er et s’esclaffe en été ? Puis, ne dois-je vous chanter quelques vers ?

 

Les fenêtres jaunes babil­lent à mon retour. Bien­tôt une à une, elles vont répon­dre à l’invite sans voyage.

« Ne crains ni le réel, ni son mys­tère, me dis­ent-elles. Et laisse-nous te quit­ter au petit matin ; faut qu’on aille boire à la fontaine. »

 

38-

Hier, une soirée, des lèvres trem­pées dans un verre de vin, un rire qui s’estompe. Vrai, le jour avait un goût de pomme et

Comme l’herbe du pré, comme l’étoile, ma parole est restée sans voix.  Puis la mort de l’un et de l’autre déjà nous efface. Tout est et restera silence.

 

Le pré n’a pas d’oreille pour nous voir. Son âme se gon­fle du temps. Il s’enivre de son par­fum. Je l’observe et veux lui ten­dre les bras.

Mais il est comme ces objets fam­i­liers qui for­ment un masque mor­tu­aire si on leur par­le ; même la lune à son équinoxe. Tout est et restera silence.

 

40-

Enivre-toi du temps qui te pénètre. Sig­ni­fie ton accord, toi, sim­ple haleine endormie au pied d’une étoile,

Avec ta capuche sous la pluie d’hiver, toi sim­ple reflet entre les phares roulant sur le bitume.

 

Quel enfant tu fus ! Des fumées et des riv­ières cir­cu­lent encore dans tes rêves ; tes pen­sées se tien­nent encore à l’ombre des mêmes arbres.

Une valise, des lieux, une pluie mêlée de vis­ages, tant d’âmes et tant de lieux ! Le monde est si vaste ! Reste un pré avec des chevaux sauvages.

 

159-

Voici le silence. Il est tombée cette nuit et règne désor­mais sur le pré. Il réveille une branche,

Fait frémir une étoile et descend dans mes pen­sées qu’il referme une à une. Déjà l’éternité ?

 

J’esquisse un pas dans l’invisible, qu’est le dehors, puis dis­parais entre le cri d’un oiseau et le bal­ance­ment d’un branche nue.

La pluie, ce ne sont pas nOs larmes, mais un fleuve qui se rend à la mesure de nos vies.

 

 

 

Inédit, extrait de “Par-dessus l’é­paule de Blaise Pas­cal

Titre pro­vi­soire

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