C’est une très belle revue que nous offrent Cécile Odartchenko et les édi­tions les Van­neaux, belle tant sur le plan de sa forme que de son fond ou de son papi­er. Un véri­ta­ble objet poé­tique dont nous ignorons cepen­dant s’il a survécu à l’année 2012. En tout cas, ces deux numéros valent leur pesant de poésie et de lit­téra­ture, ce dont on ne sera pas sur­pris si l’on con­nait le tra­vail mené par la poète éditrice en faveur de la poésie con­tem­po­raine. Les Van­neaux pub­lient en effet beau­coup de poètes de grande qual­ité, cer­tains étant de grands poètes, y com­pris pour les enfants, ain­si qu’une col­lec­tion d’importance, Présence de la Poésie, col­lec­tion qui trace pro­gres­sive­ment un panora­ma de la poésie actuelle ou récente, un peu comme la col­lec­tion Poètes d’aujourd’hui qui parais­sait autre­fois chez Seghers. À ce pro­pos, on se demande bien ce que fait le groupe édi­to­r­i­al auquel appar­ti­en­nent les édi­tions Seghers ? Avec le fond Seghers et le dynamisme d’un bon quar­an­te­naire fin con­nais­seur de la poésie, Seghers / Laf­font ne pour­rait pas bous­culer un peu les tables des libraires, relancer cette col­lec­tion, se met­tre à re-pub­li­er des poètes con­tem­po­rains vivants ??? On peine à croire que les moyens et l’homme disponible n’existent pas dans le paysage poé­tique français contemporain.

C’est triste non ?

En son pre­mier numéro, Pre­mière Ligne, revue de com­bat ain­si que son nom l’indique, pro­pose des travaux de Lau­rent Albaracin, Richard Blin, Ivar Ch’Vavar, Georges-Arthur Gold­schmidt, Matthieu Gosz­to­la, Cécile Odartchenko, Jean-Louis Poitevin, Lam­bert Schlechter, François Thibaux, Raoul de Varax, Michel Volkovitch. Des écrivains et poètes, pour la plu­part proches col­lab­o­ra­teurs des Van­neaux, dont les noms ne sont évidem­ment pas incon­nus des lecteurs atten­tifs de la poésie française con­tem­po­raine. Et cela com­mence par un texte engagé de l’éditrice : « A l’heure des fanzines et de la pro­liféra­tion des textes sur la toile, mon choix est au plaisir du bel ouvrage, let­tres et papiers de noblesse ren­dus pour accueil­lir le mur­mure du monde ». Beau texte, et on ne com­prend que trop bien Cécile Odartchenko ! Avec un accord même – du moins en 2012. Aujourd’hui, la pro­liféra­tion sur la toile s’estompe grâce au tra­vail de lieux/magazines tels que Recours au Poème. Il y a de la place pour toutes les revues belles et authen­tiques dans un univers étoilé qui nous accueille avec sym­pa­thie. La pro­liféra­tion n’est plus à l’ordre du jour, les cadres se fix­ent en faveur de la poésie, et c’est bien l’important. Mon goût très per­son­nel va ici aux textes de Ivar Ch’Vavar (Une théorie (toute trou­vée) de l’image poé­tique), Georges-Arthur Gold­schmidt (L’écriture au gré de ce qu’elle ignore), Matthieu Gosz­to­la (Hen­ri Michaux), Hölder­lin offert par Raoul De Varax et Cavafis traduit par Volkovitch.

En son opus sec­ond, Pre­mière Ligne pro­pose des travaux de Jacques Abeille, Marc Alessan­dri, Anne-Marie Beeck­man, Pierre Gar­nier, Matthieu Gosz­to­la, Jean-Paul Klee, Cécile Odartchenko, Susanne Kühne, Max­im­i­lien Loeb, Lam­bert Schlechter, Raoul De Varax, Pierre Vin­clair et Michel Volkovitch. Une volon­té de « faire groupe » évi­dente, et cela n’est pas une cri­tique, au con­traire, une revue peut (doit, penseront cer­tains) s’affirmer ain­si. Mes doigts de lec­trice atten­tion­née se sont égarés avec bon­heur le long des mots de Jacques Abeille, Anne-Marie Beeck­man, Cavafis, Hölder­lin, Chris­t­ian Mor­gen­stern (« l’étoile du matin ») traduit par Susanne Kühne, ceci sans juge­ment de valeur bien enten­du. Avec une men­tion toute spé­ciale et toute per­son­nelle pour la géométrie de Marc Alessan­dri et les expéri­ences spa­tiales de Pierre Gar­nier, duquel on lira les élé­ments suiv­ants dans les pages de Recours au Poème :

Cet entre­tien mené par Gwen Garnier-Duguy :

Ain­si que deux essais sur son ate­lier poé­tique : ici et .

De quoi nour­rir son âme poé­tique intérieure avec de bien belles choses, Pre­mière Ligne une revue à lire cela ne fait aucun doute.

 

Revue lit­téraire Pre­mière Ligne
N° 1 : print­emps 2012
N° 2 : automne 2012
Chaque numéro : 17 euros.
Abon­nement : 35 euros.
Edi­tions des Van­neaux. 64 rue de la Val­lée de Crème. 60480 Mon­treuil sur Brèche.
Mail de l’éditrice : codartchenko@gmail.com

Site de la mai­son d’édition :
Les.vanneaux.free.fr

 

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