Printemps des Poètes

Par | 19 janvier 2013|Catégories : Blog|

 

15e Print­emps des Poètes : “Les voix du poème”
DU SAMEDI 9 AU DIMANCHE 24 MARS 2013

De ma vie je n’ai jamais vu
Plus beau vis­age que sa voix (…)
Angèle Vannier 
Poèmes choi­sis 1947–1978, Rougerie, 1990
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La 15e édi­tion du Print­emps des Poètes sera dédiée à la mémoire de Marie Gavardin, une des pre­mières col­lab­o­ra­tri­ces du Print­emps des Poètes.

Edi­to de Jean-Pierre Siméon, directeur artistique

Dès sa nais­sance, au début des temps humains, la poésie est une parole lev­ée. Qu’il soit mur­mure, cri ou chant, le poème garde tou­jours quelque chose de son oral­ité native. Il est donc peu ou prou une affaire de voix, la voix intérieure du poète répon­dant aux voix du monde. 
Le partage des poèmes dans la cité, qui est depuis quinze ans l’am­bi­tion du Print­emps des Poètes, passe néces­saire­ment par la voix haute. 
Le Print­emps des Poètes 2013 fera enten­dre plus que jamais cette poly­phonie vivante.

Nous appelons d’autre part à célébr­er l’oeu­vre de Pablo Neru­da à l’oc­ca­sion des 40 ans de sa disparition.


Edi­to de Denis Lavant, comé­di­en et par­rain de la 15e édition

Les Voix des Poètes pourquoi ?
Parce qu’elles m’ont depuis tou­jours été présages et acqui­esce­ment sen­si­ble à ce que toute mon âme pressentait.
Parce que les poèmes ce sont d’abord des Voix.
Parce que la poésie qui pré­tend faire vibr­er quelque fibre intel­li­gente et sen­si­tive aux tré­fonds de l’hu­main doit pren­dre Voix, doit s’échap­per du pro­fond d’en­trailles défuntes ou pren­dre corps dans la tri­paille vivace et belle pour sub­juguer d’on­des rudoy­antes ou suave­ment caress­er l’ouïe, l’or­eille au pavil­lon char­nu, ou bien sour­dre de ce con­duit émo­tif aux grands-fonds du dedans.
Parce que la poésie avant qu’on la lie, qu’on la relie et qu’on la lise, éclate à l’ex­térieur de nous dans tous les signes par tous les sens, et par ces phras­es ébruitées dans la nuit de la rue, ou celles qui fusent aux éche­veaux du lan­gage, démêlées tout au long du jour dans la vie humaine qui circule.

Pour moi, avant toute ten­ta­tive de lec­ture, la poésie com­mence par sa mise en voix, débute par un tim­bre, une entité sonore. Un organe généreux qui s’empare de la per­son­nal­ité du poète déposée sur la page et la fait vol­er dans l’e­space ouvert affranchie des pesanteurs.
Ain­si, Rim­baud, en pre­mier lieu, me fut ren­du acces­si­ble par la voix grenue au lyrisme con­cret de Serge Reg­giani, pré­façant d’un Dormeur du Val très col­oré, la chan­son du Déser­teur de Boris Vian (Ah ! Les vieux vinyles et leur incom­pa­ra­ble grain d’ex­is­tence dans ces sons repro­duits par le noble frot­te­ment d’une cause mécanique !).
Il y en eut encore quelques unes, de ces voix d’outre-tombe qui fai­saient vibr­er en moi l’é­coute incer­taine jusqu’à gon­fler en un seul souf­fle la voil­ure du poème.
Je pense à Gérard Philipe au tim­bre si sin­guli­er, à Vilar égale­ment, voix fières et émo­tives entre­coupées de la musique du TNP.
Je pense encore à Jean-Marc Tennberg dont la voix dévouée à la poésie par­lée per­dure aux sil­lons d’an­ciens vinyles, quand son corps d’I­care éton­né a depuis longtemps chu, tra­jec­toire per­due au sur­vol de la Combe de Lourmarin.
Sur­vivent par bribes dans ma mémoire audi­tive Jules Laforgue, Rim­baud, avec Le bal des pen­dus, cette fois-là, et même de Cocteau, l’art du mensonge.
Et les voix se font écho à elles-mêmes qui m’en­traî­nent dans ce tis­su sonore à retrou­ver les accents presque métalliques du cinéaste de La Belle et la Bête scan­dant la prose rugueuse de Ramuz, con­duisant la fable musi­cale de l’his­toire du sol­dat avec l’épous­tou­flant dia­ble de Peter Usti­nov, orchestrée de russ­es dis­so­nances par le grand Stravinsky.
Tou­jours et encore de la poésie, des sons, des voix, du sens sonore, plongée en oreille écar­quil­lée avide d’envoûtement.

Et puis les poètes qui se dis­ent eux-mêmes, font vol­er de leur pro­pre souf­fle les mots de leur bouche, enfin les poètes qui font enten­dre d’autres poètes, ceux qui trans­met­tent la tra­di­tion sonore du temps où la poésie ne s’écrivait pas, mais se décrivait lit­térale­ment à haute et intel­li­gi­ble voix, sculp­ture mou­vante et éphémère que l’on devait saisir dans l’im­mé­di­ateté de sa composition.

La poésie est avant tout sonore et s’honore dans ce qu’elle nous dit, dans ce sens qu’elle-même se réflé­chit dans l’ense­mence­ment de sa pro­pre parole.

Si le sou­venir d’un homme per­dure tant que sa voix demeure, nous autres, comé­di­ens, nous sommes pour ain­si dire fos­soyeurs à l’en­vers. Nous ten­tons de pour­suiv­re de notre voix l’ex­is­tence sonore d’un être qui nous était cher même si nous ne l’avons pas con­nu de notre vivant.

Denis Lavant

Con­tacts
— Presse : Chris­tine Del­terme — presse@printempsdespoetes.com / 01 53 80 42 49
— Com­mu­ni­ca­tion / Parte­nar­i­at : Céline Hémon -c.hemon@printempsdespoetes.com / 01 53 80 42 47

Le Print­emps des Poètes – 6 rue du Tage 75013 Paris 
www.printempsdespoetes.com

 

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Printemps des Poètes

Par | 24 décembre 2012|Catégories : Blog|

« Les voix du poème »
Lun­di 21 Jan­vi­er 2013, à la Mai­son de la poésie Paris (3e) de 9h30 à 12h30 / de 14h à 17h 

 

Pro­gramme

> 9h30 : accueil

> De 10h à 12h30 : Con­férence sur l’oralité par Alain Bor­er, poète et pro­fesseur d’Université. Panora­ma de la poésie de l’antiquité à nos jours à tra­vers l’oralité. La trans­mis­sion orale aujourd’hui et son influ­ence dans la créa­tion poé­tique contemporaine.

Pause déje­uner libre

> De 14h à 15h30 : les pra­tiques de lec­ture : entre orig­i­nal­ité et simplicité

— Eclairage par­ti­c­uli­er sur le prochain Print­emps des Poètes, qui a pour thème « les voix du poème » et sur l’opération « Place au poème ». Dis­tri­b­u­tion d’affiches et de doc­u­ments d’information.
— Table ronde sur les dif­férentes pra­tiques de lec­tures de la poésie dans les espaces publics ou les lieux cul­turels avec inter­ven­tions de comé­di­ens, de met­teur en scène et moment de lec­ture autour de l’œuvre de Pablo Neru­da. Avec Olivi­er Comte des Souf­fleurs, com­man­do poé­tique, Frédérique Bruyas, comé­di­enne, lec­trice, pré­parant un spec­ta­cle autour de l’oeu­vre de Neru­da et la com­pag­nie des anges pour leur propo­si­tion Les Anjôleurs.
De la lec­ture chu­chotée, déclamée, indi­vidu­elle, sim­ple ou spec­tac­u­laire, quelles sont les objec­tifs, les con­seils et les con­traintes, le con­texte (lieu, pub­lic). Echange d’expériences. 

> De 15h45 à 17h : Les voix du poème chan­té ou mis en musique

— Présen­ta­tion des con­cours, des réc­i­tals, des doc­u­ments mêlant poésie et chanson. 
— Table ronde avec des chanteurs, musi­ciens dont Bernard Ascal, sur la tra­di­tion de la poésie chan­tée, les dif­férences, les lim­ites, de l’en­reg­istrement au récital… 
Quelles sont les façons de renouer avec cette tra­di­tion et de pro­pos­er des événe­ments met­tant en exer­gue la musi­cal­ité du poème. 

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