Quand tu auras per­du et la tête et l’espoir
Con­fon­dant bête­ment l’attente avec la vie
Quand la lumière même irradiera en noir
Le monde qui t’entoure et jusqu’à tes envies
Quand le crime et le lucre auront pour tes yeux tristes
L’éclat pur et sournois d’un bijou diabolique
Quand tu seras tout seul sur la trop grande piste
A rire des absents dans le chant des coliques

Quand tu nég­lig­eras tout ce qu’aimer veut dire
Per­du dans la tem­pête ou se noient tes conquêtes
A l’aveugle brouil­lé le meilleur et le pire
Fer­ont dur­er en vain le men­songe des fêtes
Quand ton cœur sera sec et ton sexe juteux
Pour arroser sans joie tes plaisirs carnassiers
Il te fau­dra trou­ver chez un dou­ble douteux
La même incli­nai­son pour ces pas­sions viciées 

Quand la médiocre aura l’apanage des saintes
Reti­rant au sacré toute sa cohérence
Et quand la dis­trac­tion dans ta vision succincte
Sera le but par­fait de l’ingrate existence
Alors le men­songe sera ta vérité
Vouant à ta per­son­ne un bien étrange rite
La van­ité sera ta seule liberté
Et tu auras enfin les dieux que tu mérites

Quand le désor­dre ira jusqu’aux astres boiteux
Et que s’effondrera ton châtelet de cartes
Si tu entends qu’on rit dans le fra­cas hideux
C’est qu’une autre par­tie se joue d’où l’on t’écarte
Pré­cip­ité sous terre en éter­nel esclave
La mort t’emportera dans un dernier délice
Tou­jours grisé d’orgueil peu importe l’enclave
Ici aus­si tu seras un gnome mon fils !

image_pdfimage_print