Je suis sor­tie du poème pieds nus
Sans chauss­er la rime !
ni porter la robe de l’oiseau
Sans peign­er mes cheveux
ni ramass­er mes soupirs,
Sans cein­tur­er mon ombre
ni étein­dre la question.

Je suis sor­tie du poème
Courir der­rière le sens,
Rat­trap­er dans la buée des paroles.
la sig­ni­fi­ca­tion des mots
Et voici la belle saison,
la cinquième saison !,
une mai­son sans gardien,
Sans murs sans portes
tis­sée de la fibre de l’infini
elle accueille l’oiseau étrange
aux plumes paroles au bec pinceau
qui fouine partout….
Dans le rêve
Dans la larme retenue
dans les soupirs silencieux
dans le réel de la colère et de la joie
du délire et de la foi
de la honte et de l’émoi
dans le réel que l’on retrou­ve ici-bas
Bel oiseau, où m’emmènes-tu ?
A la nuit ?
Aux chants morbides ?
A la folie ?
Non, non, bel ami
Au son disparu
Au verbe sans syl­labes ni rimes
A l’encre qui ne tache pas
Aux rythmes de l’écho enchantant
Venant des con­fins lointains
A la dance volatile
Oh bel oiseau
Pieds nus, je cherche le sens des mots
et les mots pren­nent forme
enroulent ma taille
et apposent un bais­er au nec­tar de miel
sur mes lèvres sevrées
Et l’amant tant atten­du accoure,
m’habille de sa voix
orches­trant la rime
le rythme il me renvoie
Viens alors
Viens au galop
Le poème décryp­té me regarde apeuré
Il casse mors et brides
Enfourche ses ailes déjà déployées
Se saisit de mon corps frêle
Douce, Oh ! l’étreinte
De vol en vol
La dance s’emballe
Là se tait le chant hésitant
Qui jadis enchan­tait les ruisseaux
Et fai­saient taire le bel oiseau !
 

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