La vit­re nous sépare de la nuit
Un pas résonne
Silence épais comme un molleton
La nuit boit à la vitre
Ses doigts raidis au chambranle
Der­rière moi quelqu’un regarde

Silence gris comme un édredon
Deux jeunes filles rient
On les entend à peine
Le fleuve les a recouvertes
La nuit les ensevelit
Elles marchent au fond

La riv­ière a débor­dé le pont
Un lam­padaire adoucit
La masse des feuillages
C’est un châ­taig­nier qui fait sa ronde
Avec des quinquets

La nuit est blanche comme un clocheton
Le pavé sonne

La vit­re vide s’appuie
Sur le silence
Minuit
La forme s’est enfuie
Un pas nous sépare de la vie

 

extrait de CHAIR ET SONGES
 

image_pdfimage_print