Jean-Pierre Boulic, un chemin de poésie

 

Le par­cours du poète fin­istérien est aujourd’hui mar­qué par une bonne ving­taine de recueils. Comme le dis­ait Suli­van, c’est d’un seuil, ou en marge, qu’il essaie de saisir à la fois le com­mence­ment et, s’il est pos­si­ble, la fin des choses. Peut-être d’une pro­fonde terre loin­taine, mais aus­si au com­mence­ment de la mer…Sans oubli­er qu’il demeure, avec sa pro­pre sen­si­bil­ité, à l’école des Charles d’Orléans, Ver­laine, Péguy, Marie Noël, Anne Per­ri­er, La Tour du Pin, Bernanos, Cadou, Le Quin­trec, Lemaire, Baudry ou encore Bocholier.

Au long de son chemin, à la nais­sance du poème, des images, des couleurs. Elles éma­nent le plus sou­vent des rivages de la Mer d’Iroise, des îles du Ponant, ou des pas­sages de l’Écriture. Elles se recueil­lent dans le creuset de l’émotion – de l’émotion con­tenue. De sur­croît, elles lui don­nent la sen­sa­tion que la Créa­tion n’est ni vide ni obscu­rité, mais qu’elle procède en réal­ité d’une parole d’illumination et de joie.

Il sug­gère de son émer­veille­ment de vivre, ce qui fait vivre en vérité, dans un con­texte où la moder­nité n’a pas tout résolu, où le sujet reste l’importance du phénomène humain au cœur de l’univers, pour repren­dre un tant soit peu la pen­sée de Teil­hard de Chardin. Si l’homme est d’abord une inter­ro­ga­tion, il demeure con­fron­té à sa recherche de sens, de vérité, de beauté et de pléni­tude, dans des rela­tions à inven­ter en per­ma­nence. La néces­sité d’un vivre ensem­ble, d’un bien vivre ensem­ble, appa­raît incontournable.

Sur le ton de la con­fi­dence, Jean-Pierre Boulic écrit alors sans trou­ble des mots qui filent avec le silence. Pour lui, le poème ren­voie, comme cer­tains l’ont déjà dit, à un au-delà du lan­gage courant, mon­trant ce qu’il ne dit pas, témoignant de ce qui dépasse la réal­ité lorsque celle-ci est ser­tie en son cœur. Il déchiffre la parole de l’âme, fruit de l’expérience de son cœur à cœur avec l’univers, en prenant le risque de met­tre en genèse une expéri­ence intime amar­rée au monde…

Si sa langue a cette capac­ité de se con­stituer en poésie, c’est qu’elle cherche à se déli­er des inter­férences avec la rai­son raison­nante des sci­ences ou de la philoso­phie mod­erne. Sous une impul­sion libéra­trice, elle conçoit en des moments décisifs, ce qu’elle veut dire de sa véri­ta­ble appar­te­nance orig­inelle, tra­duc­tion de son exis­tence quo­ti­di­enne. C’est le point focal où naît l’inouï qu’il donne en partage – et qu’il pense inde­struc­tible. Hölder­lin affir­mait que les poètes seuls fondent ce qui demeure.

image_pdfimage_print