“La poésie, je ne sais pas. Je n’ai jamais su.  Essayez d’ap­procher l’oiseau sauvage. Vous ne pou­vez pas. Des voix comme celles de Rim­baud, Lor­ca, et j’en passe, demeurent hors de mon atteinte. Leur mys­tère est si grand. Mes mots si petits. Quelle forme ils ont ? Dans quelle pâte parvi­en­nent-ils à tenir un peu ? De quoi est faite cette résis­tance qu’ils ont, parfois ?

J’écris de la poésie depuis un demi siè­cle, presque. Je me suis, comme beau­coup, frot­té à des son­nets ban­cales, à des alexan­drins qui chan­taient mal, à toutes sortes d’im­pré­ca­tions. A vingt ans, les champs mag­né­tiques de Soupault/Breton me fasci­naient. A trente, c’é­tait le man­i­feste élec­trique aux paupières de jupes de Matthieu Mes­sagi­er. Une affaire de courant, tou­jours, que j’aime aujour­d’hui ténu, à bas bruit, au bord de la rup­ture qui bégaie l’im­pos­si­ble à dire. Je lis et relis Guille­vic, Fol­lain, Emaz et Metz, obstiné­ment. Je con­tin­ue mon chemin d’écri­t­ure avec des poèmes pau­vres, en espagnol.”

 

Dominique Boudou

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