Au moment où ton vis­age apparut
Bras plus puis­sants que les rames, je vins vers toi
Et ta nudité fascinante
D’où à présent je me retire

 

Voici que pousse sous ta crinière : l’immobile cruauté
D’un plis­sé de peau rep­tili­enne d’où sur­gis­sent tes forces mortelles
Je tente l’approche
Cette danse dans les clair­ières reprend mes jambes

 

C’est ta lèvre que je désire 
Ta main révèle: ma poitrine haletante

Á ce pas qui m’enferme
Fuir dans les grottes de sang
C’est tout près : J’y suis
Du fond de L’obsession du fond 
Je te hèle plus haut que mes épaules
Il faut que cacher se voie

 

Dans l’amoureuse obscu­rité du sommeil
Mon instinct se garde de fer­mer le miroir
D’où sur­gis­sent tes mains
Mon corps s’expose

Voici l’essor au soir aigu
Indif­férente au cha­grin des fourrures
Je bois folle­ment le feu

 

Hélas oui. Hélas
Mord, con­sume, ronge les os
Ce que veut l’amour :
Sup­plice et griffes
L’in­hu­maine fêlure

Mains aux ongles animés
Et tes lèvres qui tardent
Les ter­res rouges ne sont pas loin
Comme cela bouge, comme cela tremble

 

La guerre est le lieu de la plus grande misère
Je me pré­pare à la bataille : je m’offre à ce qui advient
Ces morts qui sont la mienne, retenue

 

En sauvageries, partout des intrusions
De tumulte en danse
Cet état d’éruption
Bouche ovale ronde
C’est une tournée insa­tiable, une tournée de plaisirs
Ma main tente de saisir ce qui brûle

 

Les char­bons de la veille
Sont encore chauds
On ne guérit pas des empreintes passées
On en émerge

 

Rythme du char­bon blanc
Hébergée en ma couleu­vre la plus pure et imaginaire
Vers les ori­fices de ce grand tumulte
Je dors sur mes animaux

 

L’enfance des rites lents
Rou­vrent les tiges
Où ma mémoire est pétrifiée
Par­le peu, par­le bas
Il y eut toi, et les ronces

 

Tout à l’heure quand je comprendrai
La dernière porte
J’étais si curieuse de toi
Je pleure du nom per­du au moment de l’amour

 

Et der­rière, pourtant
Comme pleure un ivrogne avec son corps entier
D’une démence calculée
Le voile se referme

Rouge de ta main Perdue
Le rythme me libère des animaux
Là : regarde
Ils veu­lent sor­tir du rêve
Encore les retenir
Déli­rante de honte, la forêt reforme ses grilles
D’un bond, je glisse vers la lumière des lampadaires
Et ce rire qui monte dedans
Où cogne L’étrange calme
Ce qui arrive
Des choses
Très belles
Je m’éclaire avec le temps
Pour la pre­mière fois 
Je me nour­ris profondément. 

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