J’ai lu ce texte, texte plus que poème, comme un arpen­teur des Pyrénées depuis plus d’un demi-siè­cle. D’est en ouest j’y ai trou­vé des repères explicites, depuis le Canigou jusqu’aux Jumeaux d’Hendaye et d’autres que j’ai pu décrypter. Marche aux marges de la haute mon­tagne, donc marche pais­i­ble. Pho­tos syl­va­tiques, de pâturages ou de groupes d’ovins. Donc mon­tagne human­isée à “soli­tude piquée d’un essaim de son­nailles”, donc très relative.

Itinéraire en par­tie cryp­té où les textes font office de cail­loux blancs pour qui sait les lire. Souci de laiss­er une trace, mais en pointil­lé car s’étalant de 2005 à 2012. Mais de quelle volon­té est né ce souci de pub­li­er un texte “aus­si plein de trous spa­ti­aux-tem­porels” ? Un texte, non : un vire­lai, écrit l’auteur … Textes aux marges d’une autre réal­ité : “ je con­state mon igno­rance de cer­taines réal­ités secrètes / et me rendrai au sab­bat à qua­tre pattes, désormais”.

Pourquoi dans un texte à final­ité poé­tique, inclure in fine des “Notes” ? Il y en a trop peu pour être explicites pour un ignare en Pyrénées. Gravedad/Gravité est-elle réelle­ment “un funam­bule à la fron­tière des dis­so­lu­tions” ou plus explicite­ment un texte très per­son­nel : celui des ancêtres de l’auteur, per­du quelque part dans les brumes de la haute-chaîne ?

En tout cas, texte qui ne laisse pas indif­férent ! Quelques extraits pour appréci­er cet écrit :

 

Noir des pins à cro­chets, mauve des rhodo­den­drons, jaune ce par­fum coco qu’on nomme ajonc, verts les coussins des genévri­ers, bleu le tur­ban du print­emps, blanche la chevelure qui dégèle au loin.

Avec cette journée par­faite je sais que là où je vais il y a de l’eau pro­pre il y a de l’eau propre.”

 

Et encore :

 

Je pho­togra­phie une forme de sou­venirs. Ceux de l’intérieur du dos / sin­gulière­ment voués au développe­ment des silences.”

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