Rude hiv­er dans le cœur, vu l’ab­sence de ton feu
et le loup sur la pointe des pattes pas­sant sur la neige légère du corps
peu avant de par­tir a lais­sé aux cèdres
des traces ter­ri­bles d’une inva­sion et d’un amour indestructible
qu’on ne ren­con­tre plus qu’en ces lieux rares :
dans les fleurs des bois mortes de l’aube et les man­teaux vides
qui tra­versent par­fois la brume de ta pen­sée, obscurs
ten­ant dans leur main cachée une épée
vengeance après tes trahisons successives.
Quand ta fig­ure dans les eaux se reflète
les remords t’encer­clent, bouch­es sanglantes, après tout ce que tu n’as pas fait
et pleu­rant telles des femmes en noir les corps sans sépul­ture sur la rive
lapi­dent la mer, trou­blant ton front sere­in. Et n’es­saie surtout pas
d’expliquer.

Sans le feu que tu m’avais promis je gis à présent sur le sable, auprès
du cadavre de mon cheval, regar­dant les étoiles
impa­tient de revoir bril­lants tes yeux incen­di­aires même en cette nuit
ornant tels des phares jumeaux
mon deuil qui jamais ne dort.

 

 

Tra­duc­tion de Michel Volkovitch

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