Ne restera de nous

qu’un épanche­ment discret
proscrit
menu comme un haïku comme une pointe
menue parce qu’ éloignée
          — comme le soleil

ce dépôt vivant
où avec le temps
nous nous sommes fondus
spasme après spasme, goutte après goutte
comme des dona­teurs de sang

il restera au fond
ni la sécher­esse ni la soif
ne nous aideront
à goûter à la sécrétion,
à recracher, à rebours.

Se déposera aussi
ce qui s’égouttait par erreur
le long de la fissure
où une vie se con­tin­ue dans l’autre.

Notre vorac­ité et nos appétits seront apprivoisés
Et réé­duqués : nous répondrons
à des noms étrangers
Comme à nos propres.
La fidél­ité est tem­porelle, ah les meurs !

Le ciel ensuite tel un spécu­lum oris
sera embué par notre chaude haleine :

Sim­ple preuve qu’il fait froid,
glacial
      le fond
 

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