Si nous savions que les arbres nous entendent,
que nos paroles tombent dans les cer­cles de leurs années plus longues que les nôtres,
qu’elles inter­fèrent peut-être même avec la lente et régulière for­ma­tion de ces cer­cles concentriques,
les altérant, les mod­i­fi­ant, — les détru­isant, qui sait ? —
si nous le savions peut-être nous tairi­ons-nous, au moins un peu, au moins un temps,
le temps que l’ar­bre génère un de ses cer­cles d’âge, beau et régulier.

Mais peut-être, aus­si, que les belles paroles les aident à engen­dr­er ces cer­cles d’âge
et, fran­chissant d’un seul élan l’é­corce et l’aubier,
atteignent leur coeur et réson­nent en eux comme autant d’on­des concentriques.

De crainte que cet abîme ligneux nous inter­roge cruellement,
n’ayons plus que paroles élé­gantes et verbe doux
quand nous côtoyons les arbres.
 

 

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