L’oracle des cyprès donne sa flamme à l’entrée du chemin. Les vignes soumis­es, feuilles bass­es, devant les pier­res dressées pour le mur, rumi­nent quelques restes noc­turnes. Les chauves souris dans l’oliveraie en perte d’obscurs tis­sent les gestes du passé aux ronces dis­tin­guées. Tous quit­tent leur gangue noire, pré­cisent leur nom, un à un sur la colline, à com­mencer par cet arbre aux fruits excen­triques d’or et de sang mêlé.

Aujar­gues

 

 

 

La nuit vient. L’on passe devant une mai­son faible­ment éclairée et l’on se dit, c’est là que je veux vivre. Avec cette femme incon­nue qui se repose sous l’a­bat jour.

Ver­tam­boz

 

 

 

Ado­les­cent, je pro­fanais les tombes en hurlant dans la nuit. Arrachant les croix de mau­vais­es qual­ités pour les jeter aux ronces. Aujour­d’hui, je lis les meilleures feuilles funéraires et je me promène calme­ment dans les cimetières, sachant que là-dessous il n’y a per­son­ne. Le vent dans les pins, comme un applaudissement.

Saint Mau­rice de Sorgues

 

 

Nous prenons le vent, côte à côte, la grande éoli­enne et moi. Sans un mot. Par­fois, nous tournons la tête dans la même direc­tion. Sans même nous concerter.

Mil­lau

 

 

Ce matin, bâton de brume à la main. Vers Mas­courbe, je pen­sais écrire le déblanc des amélanchiers. Main­tenant l’é­clat orangé d’une seule feuille de buis comme un bijou dans le chemin. Ô cra­pauds, pre­miers marcheurs ter­restres et pre­mières mains. On chem­ine lente­ment dans le vil­lage pour arriv­er jusqu’au soir. La seule occu­pa­tion est celle du vent dans les ruelles. L’a­lyte dans la nuit appro­fondi­ra notre présence à la fenêtre ouverte dans l’obscur.

Latour sur Sorgues

 

 

Le pein­tre était debout au beau milieu d’une esplanade d’armoises. Devant des mil­liers d’arbres ronds poudrés de brume et de lumière. Immo­bile devant son chevalet. Le print­emps trou­blait les feuil­lages. Le calme du paysage se mélangeait à sa toile. Se répandait sur sa toile, en toute évi­dence. J’ai aimé cet incon­nu qui m’a don­né le jour sans un mot. Je ne peux l’oublier. Il y a si longtemps. Il faut dire que ce jour-là, le paysage lui ressemblait !

Sis­teron

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