Nous ne par­lons pas comme Pétrar­que ni ne por­tons de cha­peau comme Spencer
et il ne s’agit pas de qua­torze vers
comme des sil­lons dans un petit champ minu­tieuse­ment labouré

mais de la carte postale illus­trée, un poème sur les vacances,
qui nous pousse à chanter nos chan­sons dans de petites pièces,
ou à vers­er nos sen­ti­ments dans des gob­elets doseurs.

Nous écrivons au dos d’une cas­cade ou d’un lac,
ajoutant à la vue une légende aus­si conventionnelle
que les yeux hélio­cen­triques d’une dame élisabéthaine.

Nous plaçons un adjec­tif pour le temps.
Nous annonçons que nous nous amu­sons beaucoup.
Nous exp­ri­mons le souhait que vous soyez là

et taisons le vœu que nous soyons là où vous êtes,
revenant de la boîte aux let­tres,  tête baissée
tan­dis que vous lisez et retournez le mince mes­sage entre vos mains.

Une tranche de ce lieu, une éten­due de plage blanche,
une place ou les flèch­es sculp­tées d’une cathédrale
per­foreront le lieu fam­i­li­er où vous demeurez,

et vous jet­terez sur la table cet affichage réversible :
quelques cen­timètres car­rés de là où nous avons erré
et un con­cen­tré de nos sentiments.

 

 

tra­duc­tion Mar­i­lyne Bertoncini
 

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