I love to stay in bed
All morning,
Cov­ers thrown off, naked,
Eyes closed, listening.

Out­side they are opening
Their primers
In the lit­tle school
Of the cornfield.

There’s a smell of damp hay,
Of hors­es, laziness,
Sum­mer sky and eter­nal life.

I know the dark places
Where the sun hasn’t reached yet,
Where the last cricket
Has just hushed; anthills
Where it sounds like it’s raining,
Slum­ber­ing spi­ders spin­ning wed­ding dresses.

I pass over the farmhouses
Where the lit­tle mouths open to suck,
Barn­yards where a man, naked to the waist,
Wash­es his face and shoul­ders with a hose,
Where the dish­es begin to rat­tle in the kitchen.

The good tree with its voice
Of a moun­tain stream
Knows my steps.
It, too, hushes.

I stop and listen:
Some­where close by
A stone cracks a knuckle,
Anoth­er rolls over in its sleep.

I hear a but­ter­fly stirring
Inside a caterpillar
I hear the dust talking
Of last night’s storm.

Far­ther ahead, someone
Even more silent
Pass­es over the grass
With­out bend­ing it.

And all of a sudden!
In the midst of that quiet,
It seems possible
To live sim­ply on this earth.

 

 

Matin d’été

 

J’aime rester au lit
Toute la matinée,
La cou­ver­ture jetée par terre, tout nu,
Les yeux fer­més, à l’écoute.

Au dehors ils ouvrent
Leurs livres de pre­mières lectures
Dans la petite école
Entourée de plan­ta­tions de maïs.

Il y a une odeur de foins mouillés,
De chevaux, de la paresse,
De cieux d’été et de vie éternelle.

Je con­nais tous les coins obscurs
Où le soleil n’a pas encore pénétré,
Où le dernier grillon
Vient juste de se taire; où les fourmilières
Réson­nent d’un bruit comme s’il pleuvait;
Où des araignées en som­meil­lant filent des robes de mariée.

Je tra­verse une région où dans les maisons de ferme
De petites bouch­es s’ouvrent pour sucer,
Où aux bass­es-cours un homme, torse nue,
Se lave le vis­age et les épaules d’un tuyau en caoutchouc,
Où le cli­quetis de la vais­selle com­mence à se faire enten­dre dans la cuisine.

Le bon arbre avec sa voix
de ruis­seau de montagne
qui con­naît mes pas.
Lui, aus­si, se tait. 

Je m’arrête et j’écoute:
Quelque part tout près
Une pierre sem­ble cra­quer ses doigts,
Une autre se retourn­er en roulant dans son sommeil.

J’entends un papil­lon se remuant
Dans une chenille,
J’entends la pous­sière causant
De l’orage d’hier soir.

Plus loin, quelqu’un
encore plus silencieux
tra­verse le gazon
sans le faire plier.

Et tout à coup!
Au coeur de ce silence,
Il sem­ble possible
De  vivre en sim­plic­ité sur cette terre.

 

Tra­duc­tion en français d’Elizabeth Brunazzi

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