Traduit par Thier­ry Gillyboeuf

 

Ni sou­venir, ni image, ni songe.
Le vis­age de l’absente était un espoir
réfléchi par la pre­mière étoile opaque
et tu n’étais pas en elle, tu étais tombée
hors de l’existence.

Mario Luzi extrait de Car­net gothique

 

 

La panique explose, irradie
t’immobilise : con­gelée tu es immobile
à l’écoute de la peur

les yeux fix­es comme les cerfs
la nuit, pris dans la lumière des phares.
L’image est claire :

mais le cerf aveuglé ne voit pas
il attend quelque chose qui ne vient pas.
Il est aveu­gle, stop­pé net

il résiste à la fuite ou attend un meilleur moment.

 

 

 

 

 

Tout ce qui était bien
est à présent enseveli ou à l’abandon
en faveur de ques­tions, de confirmations

néces­saires pour le lende­main. Particule
d’insecte dans l’ambre
à la forme suff­isante pour que lui soit don­né un nom.

Te recon­naître en regar­dant à contre-jour :
le frag­ment des élytres, l’excellence de la normale
pen­dant le vol, autre­fois. Plus maintenant.

À présent il n’est que col­lec­tion ou com­préhen­sion du poten­tiel grâce à la forme.

 

 

 

 

 

À un moment don­né il faut tout réapprendre
du début : le rite de l’habillement
l’économie des mou­ve­ments, l’attention

portée aux choses qui jamais auparavant
n’ont ten­du de guet-apens. Chaque jour
tu ne veux pas penser qu’aujourd’hui sera le jour

où tu seras plus faible, pour recom­mencer ensuite.

 

 

 

 

 

Le pro­fond som­meil dans le médicament
parce que le médica­ment sou­tient, pro­tège et soigne.
Explo­sions, éclairs : tout est loin maintenant

et même l’ombre noire qui te ronge le souffle
le bat­te­ment man­quant quand tout revient en arrière :
tu as pris le médica­ment comme s’il s’agissait d’une prière.

Ton ailleurs
est une res­pi­ra­tion incon­sciente. Pleine nuit.
Don, aus­si. Ta sérénité

con­trastant avec la dérive.

 

 

 

 

 

Cette stase où tout est contrôlé.
Tan­dis que tu avales le com­primé je me rappelle
d’une his­toire, des grenouilles des forêts :

elles gèlent, en hiv­er, époque où elles sont mortes
ou sem­blent l’être. Puis elles revi­en­nent à la vie
comme si de rien n’était. Et elles recom­men­cent au début

quand arrive un nou­v­el hiver.

 

 

 

 

 

Tu notes les choses, tu les barres
quand tu les as faites. Il y a besoin d’une liste, c’est certain :
tu fais le total et c’est l’étalon du jugement.

Tu dis que tu red­outes le hasard ou d’être prise au dépourvu.

 

 

 

 

 

L’appel de la fatigue
est un présent
si gra­vide et humain, une course verticale :

il a des formes pronon­cées, soupesées,
atten­dues. Des fils emmêlés à démêler.
Le cal­en­dri­er cal­i­bré de long en large

tu cours : un sujet quel­conque se traduit
dans une fron­tière, un bout à attrap­er pour un nœud
pour les choix con­tro­ver­sés : tu attends

tu pens­es et te con­tor­sionnes pour un lieu éclairé.
C’est un devoir, me répètes-tu
la famille née unie. Les bou­tons du manteau

bien fer­més pour que tout le monde soit en bonne santé.

 

 

 

 

 

Brous­sailles épineuses, mares, passages
à tâtons. Et les nuits envahies par le jour
mais sans clarté. Cer­taines fois tu avances ainsi

et tant de mal à rester der­rière, au pas
aveuglé, en restant droit. On dirait des silhouettes
humaines incom­plètes, en regar­dant de loin.

C’est cela que le méti­er de l’éblouissement.

 

 

 

 

 

Cer­tains soirs ta force me surprend :
surtout quand tu ris
ou si tu ne le cherch­es pas. Non plus livide

ou atten­tive aux mouvements
pour ne pas faire entr­er le froid. Quand
tu avances dans les lumières, tu répètes : quand

l’ombre devient jour, une chose insignifiante.

 

 

 

 

 

Ton temps c’est tou­jours après, quand il avance
il te fait avancer.
Ce remède te con­sole, te consume.

L’attaque t’a arrêtée à un cer­tain point :
puis les exa­m­ens, les journées
et puis les attentes. Saisons, calme plat, parfois

des journées vides. D’autres plus féroces
précipices rocheux
remon­tés à mains nues. Se porter ailleurs.

C’est ain­si que tu as passé le temps
après. Maintenant
tu con­nais sou­vent des jours solennels

jusqu’aux linéa­ments et pas seule­ment en surface.

 

 

 

 

 

L’année finit, com­mence la nou­velle : aujourd’hui
tu es quelqu’un d’autre. Aujourd’hui
c’est comme si tu n’avais jamais changé.

L’obscurité des heures d’avant l’aube
ne t’encercle pas mais tu regardes par la fenêtre
en comp­tant peut-être les lumières. Tu es assise pour le café

tu fumes et com­mences les rites de la journée.
Tu n’es pas en train de men­tir. Aujourd’hui
tu n’es pas coupable,

tu n’espères pas une crise plus courte
ou que tout reste à distance.
Tu ne décou­vre ni trou­bles ni rien à moitié.

Qui sait : c’est peut-être le son naturel
où tout s’ouvre, ta nou­velle saison.
Tu n’as même pas froid

et c’est l’hiver. Seul dehors le temps est le même.

 

 

 

 

 

Toutes ces branch­es taillées
on aurait dit un rav­age. Le tronc nu
est un corps mutilé, une sorte de solitude.

Les racines en-dessous, elles émer­gent de temps à autre.
Hau­teurs con­traires, très profondes :
sans ordre, sans nom, elles poussent.

Chaque racine est ren­fer­mée en son sein.

 

 

 

 

 

Note

L’implosion d’une super­no­va est car­ac­térisée par une émis­sion lumineuse qui peut être équiv­a­lente pour une péri­ode de temps lim­itée à la lumi­nosité de la galax­ie qui l’abrite.

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

Super­no­va

 

Né memo­ria, né immag­ine, né sogno.
Il volto dell’assente era una spera
spec­chi­a­ta dal­la pri­ma opaca stella
e nep­pure eri in lei, eri caduta
fuori dell’esistenza.

Mario Luzi da Quader­no gotico

 

 

Il pan­i­co esplode, irradia
ti fer­ma: con­ge­la­ta sei ferma
in ascolto del­la paura

gli occhi fis­si come i cervi
di notte, col­pi­ti dai fari.
L’immagine è chiara:

ma il cer­vo acce­ca­to non vede
aspet­ta qual­cosa che non accade.
È cieco, interrotto

Resiste alla fuga o aspet­ta il momen­to migliore.

 

 

 

 

 

Tut­to ciò che il bene era
è sepolto ora o dismesso
in favore di domande, conferme

nec­es­sarie al giorno dopo. Particola
d’insetto den­tro l’ambra
di una for­ma suf­fi­ciente per­ché ven­ga dato un nome.

Riconoscer­ti guardan­do controluce:
il fram­men­to delle elitre, l’eccellenza del normale
quan­do il volo, tem­po addi­etro. Ora no.

Ora è solo collezione o capire dal­la for­ma il potenziale.

 

 

 

 

 

A un cer­to pun­to si deve imparare
tut­to dac­capo: il rito del­la vestizione
l’economia dei movi­men­ti, l’attenzione

data alle cose che mai prima
han­no teso un aggua­to. Ogni giorno
non vuoi pen­sare che sia oggi il giorno

in cui sarai più debole, per poi ricominciare.

 

 

 

 

 

Il son­no pieno den­tro il farmaco
per­ché il far­ma­co sostiene, pro­tegge, cura.
Esplo­sioni, lampi: è tut­to lon­tano ora

anche l’ombra nera che ti man­gia il fiato
il bat­ti­to man­ca­to quan­do tut­to tor­na indietro:
il far­ma­co l’hai pre­so come fos­se una preghiera.

Il tuo altrove
è un respiro d’inscoscienza. Notte piena.
Dono, anche. Il tuo essere serena

con­tra­stan­do la deriva.

 

 

 

 

 

Quel­la stasi dove tut­to è controllato.
Men­tre inghiot­ti la pastiglia mi ricordo
di una sto­ria, delle rane delle selve:

con­ge­lano, in inver­no, in quel tem­po sono morte
o così sem­bra. Poi ritor­nano alla vita
come nul­la fos­se sta­to. E ricom­in­ciano daccapo

quan­do arri­va un nuo­vo inverno.

 

 

 

 

 

Tieni nota delle cose, le cancelli
quan­do hai fat­to. L’inventario occorre, certo:
fai la som­ma ed è il metro di giudizio.

Temi il caso dici o il trovar­ti impreparata.

 

 

 

 

 

La chia­ma­ta alla fatica
è un presente
così gravi­do ed umano, una cor­sa verticale:

ha fig­ure pro­nun­ci­ate, sospese,
attese. Fili intri­cati da sbrogliare.
Cal­i­bra­to il cal­ndario in lun­go in largo

cor­ri: qualunque tema si traduce
in un con­fine, un capo da affer­rare per un nodo
per le scelte con­tro­verse: aspetti

pen­si, ti con­tor­ci per un luo­go illuminato.
È il dovere, mi ripeti
la famiglia nata uni­ta. I bot­toni del cappotto

chiusi bene per­ché tut­ti siano sani.

 

 

 

 

 

Ster­paglia spin­osa, pozze, passi
a ten­toni. E not­ti invase dal giorno
ma sen­za chiarori. Certe volte così vai

e quan­ta pena a star­ti dietro, al passo
acce­ca­to, restando dirit­to. Fig­ure umane
incom­plete par­rebbe, guardan­do a distanza.

È questo, questo il mestiere dell’abbaglio.

 

 

 

 

 

Mi sor­prende certe sere la tua forza:
quan­do ridi sopratutto
o se non cer­chi. Non più livida

o atten­ta ai movimenti
per non fare entrare il fred­do. Quando
avanzi nelle luci, ripro­duci: quando

l’ombra tor­na gio­co, una cosa da niente.

 

 

 

 

 

Il tuo tem­po è sem­pre dopo, quan­do avanza
se ti avanza.
Ti con­so­la ques­ta cura, ti consuma.

L’ictus ti ha fer­ma­ta a un cer­to punto:
poi gli esa­mi, le giornate
poi le attese. Sta­gioni, bonac­cia, talvolta

giorni spogli. Altri più feroci
pre­cip­izi pietrosi
risal­i­ti a mani nude. Por­tar­si altrove.

È così che hai spe­so il tempo
dopo. Ora
spes­so hai giorni solenni

altri i lin­ea­men­ti e non solo in superficie.

 

 

 

 

 

Cade l’anno, inizia il nuo­vo: oggi
sei tutt’altra per­sona. Oggi
è come se non fos­si mai cambiata.

Il buio delle ore pri­ma dell’alba
non ti accer­chia ma guar­di la finestra
con­tan­do forse le luci. Sie­di per il caffè

fumi e inizi i riti del giorno.
Non stai menten­do. Oggi
non sei colpevole

né speri un più breve accesso
o che tut­to man­ten­ga la distanza.
Non tro­vi dis­tur­bi né qual­cosa a metà.

Chissà: forse è il suono naturale
dove tut­to si apre, la tua nuo­va stagione.
Non hai nem­meno freddo

ed è inver­no. Solo fuori il tem­po è uguale.

 

 

 

 

 

Quan­ti i rami tagliati
pare­va un dan­no. Il tron­co nudo
è un cor­po mon­co, una specie di solitudine.

Radi­ci sot­to, emer­gono di tan­to in tanto.
Altezze con­trarie, profondissime:
sen­za ordine, sen­za nome crescono.

Ogni radice è rac­chiusa da un grembo.

 

 

 

 

 

Nota

L’implosione di una super­no­va è carat­ter­iz­za­ta da un’emissione lumi­nosa tale che può uguagliare per un peri­o­do di tem­po lim­i­ta­to la lumi­nosità del­la galas­sia che la ospita.

 

 

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