fille en short, qui ronge tes ongles en tor­tillant du cul,
les garçons te regardent -
          tu as plus d’im­por­tance, semble-t-il,
que Gau­guin ou Brah­ma ou Balzac,
plus, en tous cas, que les crânes qui nagent à nos pieds,
ta démarche hau­taine brise la Tour Eiffel,
fait tourn­er la tête des vieux vendeurs de jour­naux à la sexualité
éteinte depuis longtemps ;
tes bêtis­es réfrénées, ta danse de l’idiote,
tes gri­maces déli­cieuses — ne lave jamais tes sous-vêtements
sales, ne chas­se jamais tes actes d’amour
à tra­vers les allées résidentielles -
ne nous gâche pas ça
en accu­mu­lant kilos et fatigue,
en accep­tant la télévi­sion et un mari gnangnan ;
n’a­ban­donne jamais ce déhanche­ment mal­adroit et inepte
pour arroser la pelouse le samedi -
ne nous ren­voie pas à Balzac ou à l’introspection
ou à Paris
ou au vin, ne nous ren­voie pas
à l’in­cu­ba­tion de nos doutes ou au souvenir
du frétille­ment de la mort, salope, affole-nous d’amour
et de faim, garde les requins, les requins sanglants
loin du cœur.

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