Le poète Jacques DARRAS déroule les pages du quo­ti­di­en au rythme de son Verbe qu’il a tonique / tonifi­ant / rob­o­ratif / con­va­in­cant / salu­taire (le “Verbe” non enten­du ici dans sa con­no­ta­tion religieuse, mais dans la désig­na­tion de l’utilisation de l’outil-poème comme for­ma­teur & fon­da­teur, par­tic­i­pant dans sa total­ité du langage-à‑l’œuvre à l’écriture du Corpus).

Jacques Dar­ras est un poète du Lan­gage et de la Vie entremêlés, dont les mots martelés font rythme & sens / dans un dis­cours cur­sif d’appui & de Souf­fle / dans la trame de nos vies jour­nal­ières & littéraires.

Lisez Tout à coup je ne suis plus seul (roman / chan­té / comp­té) éd. Gal­li­mard, coll. L’Arbalète, 2006 –et vous trou­verez d’emblée le ton, le style du poète dans le ryhtme éper­du et bien pesé/pensé de sa prose cru­sive-dis­cur­sive, dans sa tonal­ité (re)vivifiante & cha­toy­ante, dans le déroulé encou­ru de son énergie éner­gisante (cf. à ce pro­pos et dans le sens lit­téral et lit­téraire L’ode au cham­pagne in Tout à coup je ne suis plus seul : quoique à chanter / à boire / à écouter lue de la pro­pre voix vive de l’auteur, c’est mieux !).

Le dernier livre demeure dans le rythme dar­rasien. Roman famil­ial ou nation­al, livre d’hommage ren­du à son père par le poète et à sa pro­pre lignée, Je sors enfin du Bois de la Gruerie (éd. Arfuyen, Anne & Gérard Pfis­ter édi­teurs ; in Les Cahiers d’Arfuyen, vol­ume 214 de la col­lec­tion ; Paris-Orbey, 2014) reprend tout, dans le con­texte, à 1914 et est défi­ni par l’auteur comme un Poème cur­sif / discursif.

Roman / chan­té / comp­té pour tout à coup je ne suis plus seulPoème / cur­sif / dis­cur­sif pour Je sors enfin du Bois de la Gruerie

On com­prend ici l’importance accordée au rythme du Verbe dans l’œuvre du poète.

Il faut lire l’œuvre de Jacques Dar­ras à voix haute.

Mieux, en “marchant le Poème”.

En le marte­lant au rythme de nos humeurs et de nos pas de lecteur, posé sur la route de notre quo­ti­di­en, ici rehaussé par la vision poé­tique de Jacques Dar­ras. Posé sur la bande roulante de nos aven­tures sans aven­tur­isme de décou­vertes en curiosités recon­duites, inces­sam­ment comme l’est l’étonnement poé­tique proche des éton­nements frais de l’enfance. Beat­nik cartésien ; voyageur sen­ti­men­tal ? En route sans cesse sur la road-movie des émo­tions et des visons lev­ées par une écri­t­ure en marche.

Une vision poé­tique, dans toute l’acception du terme poé­tique : une vision créa­tive & créa­trice parce que révéla­trice de nou­veaux regards posés sur le monde ; une vision poli­tique au sens grec du terme, une vision des faits de notre vie citoyenne ; une vision éthique.

J’inscris Jacques Dar­ras dans la lignée de ces poètes trans­met­teurs, passeurs, décryp­teurs, déchiffreurs et tra­duc­teurs, guides dans les univers pluriels aux chem­ine­ments par­fois con­fus suiv­is par nos exis­tences citoyennes trop préoc­cupées par l’inessentiel — exis­tences en per­pétuel mou­ve­ment et dont les errances nav­iguent trop au milieu des ombres, rarement vers la lumière, entre lucid­ité & com­pro­mis­sions — errances aux ver­tus éthiques hélas sou­vent assom­bries et dénaturées par l’ignorance, la bêtise ou des ambi­tions d’intérêts éloignées des pro­jets souhaita­bles à hau­teur d’humanité.

Poète opti­miste, Européen con­va­in­cu, paci­fiste, courant et dis­cour­ant vite en poète / poète du roman –Jacques Dar­ras est ce poète attachant qui nous donne à (re)trouver nos racines et nous guide vers l’à‑venir de nos voy­ages en cours.

 

A lire :

-Tout à coup je ne suis plus seul, roman/chanté/compté éd. Gal­li­mard, coll. L’Arbalète, 2006
-Je sors enfin du Bois de la Gruerie tout repren­dre à 1914, poème cur­sif / dis­cur­sif, éd. Arfuyen, 2014

 

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