Gar­den­ers are the ones who know the most -
look at the way they rake around, beneath the trees,
clear­ing the dead and fall­en leaves,
frag­ments of bro­ken branches,
clear­ing the earth bor­der by the wall.

There, among the bits of twig and leaf debris
they may find tail-ends of conversation 
among the yel­low­ing dead leaves,
as I cleared out my pockets. 
Or snatch­es of thoughts,
that tum­bled from my window,
thoughts the first star of the evening sends  to me,
and I don’t always catch, thoughts
I throw out some­times with a fuzzy goal
that sweeps the marsh-ponds
and the birds and the cicadas and the ragondans
and is not clear enough to go far -
so they plum­met in the garden,
on the hard green figlets,
on the yel­low car­pet of aca­cia blossom
that has spilled across the road.

The gar­den­ers trim and rake and sweep up
dropped leaves, bits of bark and fall­en twigs.
They don’t com­plain about my grammar,
or my twist­ed syn­tax litter.
I think it might amuse them
as they laugh from time to time,
rak­ing up the soft burrs fall­en from the tree
that leans across the gar­den table.

 

 

Les Jar­diniers

 

Les jar­diniers sont ceux qui en savent le plus –
voyez com­ment ils ratis­sent sous les arbres,
en dégageant la tombée de feuilles mortes,
les morceaux de branch­es cassées,
en net­toy­ant la bor­dure de terre le long du mur.

Là, par­mi les bouts de brindilles et les débris de feuilles,
il se peut qu’ils trou­vent des frag­ments de conversation
au milieu des feuilles mortes jaunissantes,
comme lorsque je vide mes poches –
ou bien des bribes de pen­sées qui sont tombées de ma fenêtre,
des pen­sées que la pre­mière étoile du soir m’envoie
et que je n’at­trape pas tou­jours, des pensées
que je jette quelque­fois avec une inten­tion confuse
qui par­court les étangs,
les oiseaux, les cigales, les ragondins
et qui n’est pas assez dis­tincte pour par­tir loin –
et donc elles dégringo­lent dans le jardin
sur les petites figues qui sont d’un vert vif,
sur le tapis jaune des fleurs d’acacia
qui s’est répan­du de l’autre côté de la route.

Les jar­diniers tail­lent, ratis­sent et ramassent
les feuilles tombées, les bouts d’écorce et les brindilles
jon­chant le sol.
Ils ne plaig­nent pas de ma grammaire
ou les déchets de ma syn­taxe malmenée.
Je pense que cela pour­rait même les amuser
puisqu’ils rient de temps à autre,
lorsqu’ils ramassent au râteau les bogues souples
tombées de l’arbre
qui penche au-dessus de la table du jardin.

 

Traduit par Dominique Sorrente

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